La sagesse et nous, la sagesse qui joue
Nous avons vu la beauté de la création, nous avons perçu la sagesse à l’œuvre, nous y avons discerné le doigt de Dieu, l’Esprit de Dieu. Il nous reste à suivre le conseil des Proverbes, à frémir au contact du divin, à fonder notre existence sur la sagesse de Dieu. La sagesse se laisse découvrir à l’être humain qui la recherche, elle nous fait grandir spirituellement, c’est la présence de Dieu.
Nous sommes donc conduits à un choix de vie, et c’est tout l’objet des Proverbes de proposer une éthique pour notre action, dans la vie quotidienne, dans des situations concrètes, couvrant jusqu’aux relations amoureuses et à l’engagement politique. Les principaux rapports humains et nos activités sont abordés avec des sentences concises, comme un concentré de connaissance, les proverbes donc. Mais cet ancrage dans notre réalité ne fait pas oublier pour autant ce panorama qui embrasse toute la terre en train d’être créée, sous les regards de la sagesse.
Choisis la sagesse, ne cessent de dire les Proverbes : « Car la sagesse est meilleure que le corail et rien n’est plus désirable. » (Proverbes 8,11).
Et oui, croire en Dieu, c’est un choix réfléchi et sensé, logique et cohérent. Mais en même temps, c’est un poème, c’est un rêve, qui remonte plus loin que nos origines. Elle nous précède et nous dépasse.
Il y a toute une ambiance très maternelle et enfantine dans ces premiers jours du monde. La sagesse crée, elle est avant tout, mais elle n’est pas seule et ne fait pas tout. Elle vient d’ailleurs.
- La sagesse est née, elle a été enfantée. Qui l’a enfantée, si ce n’est Dieu ?
- Elle trouve ses délices parmi les humains, et dans ces délices j’entends les gazouillis, les caresses, les enchantements qui relient un petit bébé à ses parents.
- Elle joue, comme un enfant. Elle joue aussi comme on joue de la musique ou comme on danse, joue avec la terre et en présence du Seigneur.
Après le Dieu créatif et dessinateur, c’est ici un Dieu de légèreté, un Dieu spontané qui s’amuse et qui a la sagesse de ne pas se perdre dans des abîmes philosophiques, un Dieu qui vit, tout simplement.
Avec d’autres passages bibliques, approfondissons le sens de cette sagesse qui joue et fait ses délices.
« Moi, je fais mes délices de ta Tora », dit le Psaume 119 (Psaume 119,70). Le délice est de suivre l’enseignement de Dieu, ses indications, et c’est une joie. Dieu nous invite à vivre aussi, comme un enfant, dans ses délices, auprès de lui, entouré des merveilles de la création, dans l’étonnement et la curiosité, dans la confiance et la fraîcheur.
Quand l’arche de l’alliance du Seigneur entre à Jérusalem, tout le peuple le fête. « David et toute la maison d’Israël jouaient devant le SEIGNEUR sur toutes sortes d’instruments en bois de cyprès, sur des lyres, des luths, des tambourins, des sistres et des cymbales. » (2 Samuel 6,5). Ils chantent et dansent, en oubliant tout dans leur joie.
C’est ainsi que la sagesse joue. Être en Dieu ne veut pas dire être austère et sérieux, silencieux jusqu’à marcher sur la pointe des pieds, au point d’entendre le froissement de la robe. Être en Dieu, être sage, c’est danser et se réjouir délicieusement, dans la légèreté du jeu. C’est pour nous tous une leçon de sagesse, pour commencer à unir notre intelligence et notre sensibilité, pour aimer le Seigneur de tout notre être, avec tout ce que nous sommes, tels qu’il nous a créés, pour jouer avec délices en sa présence.
Dieu sûrement s’était mis à rire, quand il a eu l’idée de créer l’univers. Et quand il a vu le résultat, il était très content, car tout était à son image, d’une grande beauté, d’une profonde sagesse, mais aussi aérien comme un papillon dans la danse. Il fait bon de vivre là.
Amen !