Paix avec la création (Ésaïe 32,12-18)

Temps pour la création : prédication du dimanche 28 septembre 2025.

Lamentation sur la beauté des champs

Chaque année, du 1er septembre au 4 octobre est proposé un temps pour la création, une initiative à la fois œcuménique et mondiale. Pour 2025, le thème choisi est « paix avec la création », avec ce texte du prophète Ésaïe.

 

C’est d’abord une lamentation sur la beauté des champs, sur la terre abandonnée. Malgré l’écart temporel qui nous sépare, ce texte fait écho aux inquiétudes de notre époque.

 

Chaleur extrême, sécheresse, incendies, inondations : sur une terre plus chaude, les phénomènes climatiques deviennent plus violents et contrastés. Et comme les gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère continuent à la réchauffer pendant des dizaines d’années, nous n’en voyons encore que les premiers effets.

 

Au-delà de 50°C, l’être humain ne peut pas vivre. De nombreuses régions tropicales et équatoriales vont devenir inhabitables, causant certainement des millions de morts et des milliards de réfugiés climatiques.

 

Le désert va s’étendre. Et la disparition des plantes entraîne celle des animaux qui dépendent d’elles.
Et puis le changement climatique ne doit pas faire oublier la pollution de l’eau, les pesticides, la maltraitance animale, tout ce qui abîme irréversiblement, tue les animaux et détruit la création.
Personnellement j’ai été sensibilisé récemment à la cause animale et au mouvement végane et végétarien. En lisant des livres à ce sujet, j’ai découvert que sur le fond les animalistes avaient parfaitement raison. Les animaux sont sensibles, et le cochon est moins mignon qu’un chat mais au moins aussi intelligent. L’élevage tel qu’il est pratiqué est une atrocité d’un point de vue bioéthique, de l’eugénisme de masse jusqu’à l’abattoir, en éliminant tous les inutiles du point de vue du profit, les mâles, les retraités. Et la pêche tue dix fois plus de poissons que nous n’en consommons, dans un gaspillage colossal.

 

Oui nous pouvons nous lamenter sur ce que nous infligeons à notre planète et à ses habitants.

Un souffle d'en haut

Mais poursuivons la lecture et laissons-nous surprendre : « … jusqu’à ce qu’un souffle soit déversé sur nous d’en haut, que le désert se change en verger, et que le verger soit considéré comme une forêt. »

 

Après la prise de conscience, la solution proposée n’est pas telle ou telle action urgente de l’être humain. C’est la venue du souffle de Dieu, l’Esprit saint, qui nous sauve. Autrement dit, nous ne sommes pas sauvés par nos œuvres, mais par la foi, par Dieu. Il faut sauver la planète ? Tournons-nous vers Jésus Christ,

« nous l’avons entendu nous-mêmes et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde. » (Jean 4,42).

 

Étonnant rappel que donne la bible, sans doute un peu décalé. Et la bible ne nous fournira pas des réponses toutes faites ; ses auteurs ne connaissaient pas le changement climatique. Et pourtant à travers ces mots anciens, la parole du Dieu vivant peut nous atteindre, et nous éclairer. À nous de réfléchir aussi, et de prier pour demander à Dieu sa volonté.

 

Cette promesse, ce rêve et cette utopie du désert qui fleurit, de la paix de la création, nous donne la force et l’espérance pour agir. Sinon nous restons accablés par le constat terrible, tétanisés par l’éco-anxiété et la peur de l’avenir.

« Or la foi, c’est la réalité de ce qu’on espère, l’attestation de choses qu’on ne voit pas. » (Hébreux 11,1).

Nous nous sentons parfois bien pauvres, si peu capables d’agir. Paul écrit aux Corinthiens :

« Car le Dieu qui a dit : ‟Du sein des ténèbres brillera la lumière” a brillé dans notre cœur, pour que resplendisse la connaissance de la gloire de Dieu sur le visage du Christ. Mais nous portons ce trésor dans des vases de terre, pour que cette puissance supérieure soit celle de Dieu et non la nôtre. Nous sommes pressés de toute manière, mais non pas écrasés ; désemparés, mais non pas désespérés ; persécutés, mais non pas abandonnés ; abattus, mais non pas perdus ; nous portons toujours avec nous, dans notre corps, la mort de Jésus, pour que la vie de Jésus aussi se manifeste dans notre corps. » (2 Corinthiens 4,6-10).

En Dieu réside la puissance créatrice de la vie. Dans toutes les épreuves, il nous donne la force de résister et de lutter. Jésus annonce : « vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous » (Actes 1,8).

Et dans la lettre aux Romains, Paul déclare au milieu de ses souffrances :

« Mais dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car je suis persuadé que ni mort, ni vie, ni anges, ni principats, ni présent, ni avenir, ni puissances, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre création ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ, notre Seigneur. » (Romains 8,37-39).

Même l’avenir est une création de Dieu ! Sauvegarder la création, c’est aussi s’ouvrir à la création qui n’est pas encore et qui sera, par le Dieu qui fait toutes choses nouvelles (Apocalypse 21,5). La création, la vie, ne sont pas statiques, mais dynamiques, elles sont l’action de Dieu.

 

Enracinés en Dieu, en qui nous puisons la sève, l’eau de la vie, alors nous pouvons agir.

La justice produira la paix

L’amour de Dieu implique de nous préoccuper non seulement de nous-mêmes, mais des autres, de tous les autres. Des peuples d’autres pays, plus exposés encore aux conséquences du réchauffement. Des générations futures, qui habiteront la terre après notre mort. Des animaux, qui sont aussi des autres, différents de nous, mais néanmoins capables d’aimer, de ressentir et de souffrir, et dont la vie a du prix.

« Ne vend-on pas cinq passereaux pour deux sous ? Cependant, aucun d’eux n’est oublié devant Dieu. » (Luc 12,6).

 

C’est l’amour, mais aussi simplement la justice. « Alors l’équité demeurera dans le désert, et la justice habitera dans le verger. L’œuvre de la justice sera la paix, et l’ouvrage de la justice, la tranquillité et la sécurité pour toujours. »

 

La paix est une grâce, un don de Dieu. Mais elle est aussi une œuvre, l’œuvre de la justice. Comment agir pour la justice ? Nous pouvons déjà rendre plus cohérents nos actes, avec les petits gestes du quotidien pour ne pas gaspiller, pour recycler et réutiliser. Nous pouvons examiner chacune de nos dépenses au regard de son impact sur la planète, sur tous les autres, et voir ce qui est juste. Il y a les petites dépenses de consommation courante : ce que nous mangeons. Nous pouvons choisir des produits bio même si ça coûte plus cher. Nous pouvons réduire notre consommation de viande et de poisson. Et puis il y a les grandes investissements exceptionnels, liés à des choix de vie. Où habitons-nous ? Que consomme notre logement ? Comment est-il isolé ? Comment est-il chauffé ? Notre choix de lieu d’habitation nous rend-il dépendants de la voiture ? Combien pollue notre voiture ? Même le type de WC a un impact non négligeable sur les émissions de gaz à effet de serre. Tout cela, ce sont aussi des choix que nous pouvons réexaminer, pour des améliorations. Voilà des pistes de réflexions, pour y penser.

 

Je dis cela, et je suis encore loin de le pratiquer. Nous ne sommes pas parfaits, et nous n’arriverons pas à tout changer. Et c’est ensemble que nous devons changer. Cela dépend très peu de nous, mais tout de même, nous pouvons voter, parler, payer un peu plus cher peut-être pour favoriser un mode de production plus juste pour la planète et moins destructeur.

 

Je voudrais finir en disant que vendredi, nous étions quelques-uns à regarder la première d’une série de vidéos intitulée « Des arbres qui marchent ». Si vous l’avez manquée, ou si vous voulez poursuivre l’expérience, vous pouvez les visionner gratuitement sur desarbresquimarchent.com. Nous admirions cette image puissante des arbres qui marchent, dans ce dynamisme.

 

Dans les béatitudes, au lieu de dire « heureux », André Chouraqui traduit l’hébreu ashréi par « en marche ». En effet cette racine a le double sens du bonheur et de la marche. Il explique en note : « état de celui qui marche vers le but ultime, la rencontre de IHVH ». Oui la création est heureuse de marcher vers sa paix, vers son Dieu.

 

Mais ce n’est pas tout. J’ai réalisé plus tard que « Des arbres qui marchent » est une allusion biblique. Marc 8 (23-25), en parlant de Jésus :

« Il prit l’aveugle par la main et le conduisit hors du village ; puis il lui cracha sur les yeux et lui imposa les mains, en lui demandant : Vois-tu quelque chose ? Il ouvrait les yeux et disait : Je regarde les humains ; je vois comme des arbres qui marchent. Il lui remit les mains sur les yeux ; quand l’aveugle rouvrit grand les yeux, il était rétabli et voyait tout distinctement. »

 

Oui nous les humains, nous sommes des arbres qui marchent, solides et debout, enracinés comme des chênes, mais aussi avec la capacité de bouger. Que Jésus Christ nous ouvre les yeux, et nous verrons les humains marcher comme des arbres, marcher à la rencontre de Dieu, pour la paix de la création.

 

Selon Ésaïe 55 :

« Oui, vous sortirez dans la joie et vous serez conduits dans la paix ; les montagnes et les collines éclateront en cris de joie devant vous, et tous les arbres des champs battront des mains. » (Es 55,12).

Amen !

 


Ressources recommandées

Au niveau mondial :
Site officiel du Temps pour la création
Dans le consistoire à Mars en Ardèche :
De nombreux textes et prières sur le site de la communion de Caulmont

 

Contact