Trouver sa vie
Jésus offre de le suivre. Et pour cela, il faut se libérer, se libérer du temps pour lui, quitter les filets qui nous entravent, abandonner tout cela. Il y a bien une perte, et donc un deuil, mais c’est une perte qui nous affranchit, et nous ouvre à la vie.
Nous pouvons nous abandonner à Dieu. Toute notre vie on nous dit d’être adulte et autonome, mais en réalité nous avons un Père qui nous aime, et nous sommes ses enfants, et c’est suffisant. En lui nous sommes pleinement accomplis. Nos problèmes personnels sont résolus, nous faisons le plein d’amour jusqu’à déborder, et nous devenons disponibles pour les autres, qui rendent heureux.
En donnant notre vie à Dieu, nous la perdons parce qu’elle n’est plus la nôtre. Mais nous la trouvons, parce qu’elle prend sens, et qu’une vie est faite pour être vécue, pour être donnée. Nous nous trouvons nous-mêmes, nous trouvons notre identité, notre vérité, notre assurance, notre plénitude en Dieu.
Nous trouvons quelque chose de neuf. Tout donner est une joie, quand c’est pour avoir en échange la perle rare, le trésor caché, le royaume des cieux.
Vouloir sauvegarder sa vie, économiser sa respiration, garder son souffle, c’est s’empêcher de vivre. C’est l’enterrer par peur comme un talent enfoui. Mais Dieu nous donne la vie pour qu’elle soit partagée, prêtée, mise en jeu, risquée, utilisée, dépensée, investie, elle doit circuler comme l’argent des talents. Dieu nous donne d’oser vivre.
Il faut faire un choix : se nier soi-même, ou renier Jésus. Pierre est déjà ici celui qui ne peut plus suivre Jésus, quand il annonce la croix. Suivre Jésus implique de ne plus contrôler.
Personnellement, je suis de formation scientifique, et assez rationnel. Et un travail scientifique, pour moi, c’est plus rassurant, il y a un problème bien posé, cadré, je dois juste trouver la solution. Mais être pasteur, c’est littéraire, cela m’attire parce que cela implique toutes les dimensions de mon être, y compris ma sensibilité et ma spiritualité. Mais en même temps, c’est une perte de contrôle. Je ne peux pas savoir quand je trouverai l’inspiration pour ma prédication, il n’y a pas de recette.
Les finances de l’Église ne dépendent pas d’un business model, mais simplement des dons. C’est précaire, incertain, je ne le maîtrise pas. Je ne suis pas non plus maître du nombre de personnes qui viendront au culte. Je ne contrôle pas le fait que la prédication touche des gens ou non. L’Église est bâtie collectivement, et dépend crucialement de ressources qui ne sont pas les miennes, de personnes qui ne sont pas moi.
Pas de contrôle. La théologienne Marion Müller-Collard, dans son livre l’Autre Dieu, témoigne d’un changement qu’elle a vécu par l’expérience où son enfant a frôlé la mort. Dieu jouait pour elle le rôle d’une assurance-vie : si je crois en lui, si je fais mon devoir correctement, alors il me protégera. Mais elle a senti que même si la mort d’un enfant est atroce, impensable, Dieu n’était pas là pour garantir que son enfant ne mourra pas. Elle a vécu le dépouillement de Job, j’ajouterais aussi l’expérience du sacrifice d’Abraham. Tout perdre potentiellement, tout abandonner à Dieu. Perdre le contrôle sur sa vie.
Simplement l’abandonner à Jésus, pour que lui la conduise là où Dieu voudra. Dieu nous amène vers l’inconnu, comme Abraham qui est parti sans savoir où il était emmené. Il faut simplement faire confiance au Seigneur, une confiance totale, parfois aveugle. Cela s’appelle la foi. La foi sauve. Mais nous avons l’assurance qu’en lui, notre confiance est bien placée. La foi est intimement lié au fait de suivre le Christ. Il nous mène vers une nouvelle terre, un ciel nouveau, inconnu, exaltant, libre, ouvert, une surprise. Avec lui, nous trouvons la vie, la vie éternelle.
Amen.