Voir Jésus
Thomas voit Jésus
Oui, cela manque à Thomas, et il ne croit pas. Il veut voir, toucher, concrètement, en faire l’expérience empirique. Ce désir, ce besoin, même s’il n’est pas dit comme une prière, Dieu l’entend. Et il y répond.
Jésus offre cette délicatesse, cette grâce incroyable : pour Thomas en particulier, il revient, d’une façon semblable, il redit sa paix, il remontre ses mains et son côté. Jésus donne des séances de rattrapage. Il n’est jamais trop tard. Après un rendez-vous manqué, il ne se lasse pas, il ne fait pas de reproches, il propose un nouveau rendez-vous.
Nous ne savons pas si Thomas a avancé son doigt et sa main comme Jésus le lui a proposé. Nous ne savons pas si les mains de Jésus portaient des plaies vives, ou cicatrisées ou même totalement effacées. Mais Jésus portait l’empreinte des clous, l’empreinte de sa souffrance ; il était marqué au moins intérieurement. Nous ne savons pas comment le côté transpercé a pu guérir, ou si Jésus vivait en perdant encore du sang et de l’eau. Mais nous savons qu’il a donné son sang et son eau vive. Il portait sa blessure à la plèvre, tout contre le cœur. Il portait comme Adam sa blessure au côté, une perte et un manque, une incomplétude mais aussi un désir, et une blessure d’amour. Thomas a dû voir ce Jésus abîmé par la croix, transformé par la mort ; et devant cet homme il sait, il le reconnaît, ça ne s’explique pas, il le sent, ses barrières tombent, sa raison rend les armes, il dit : « Mon Seigneur et mon Dieu. »
Job voit Dieu
Thomas me fait penser au livre de Job. Job n’a pas existé, mais il a beaucoup souffert… et s’est posé beaucoup de questions existentielles. C’est sans doute une œuvre de fiction, mais toute ressemblance avec la réalité ne serait pas qu’une coïncidence, et révélerait un peu de ce qu’a vécu son auteur, et de ce que nous pouvons vivre. Et là se trouve la vérité du livre de Job.
Job, comme Thomas, se pose beaucoup de questions ; il doute et s’arrache les cheveux. Mais aussi, à la fin, Job, comme Thomas, fait une belle confession de foi, dans ses dernières réponses au Seigneur :
« — Ainsi j’ai parlé, sans comprendre, de choses étonnantes qui me dépassent et que je ne connais pas. […] Mon oreille avait entendu parler de toi ; maintenant mon œil t’a vu. » (Job 42,3.5).
Après 41 chapitres, tous les débats, les arguments, les polémiques cessent, pour une unique raison : « mon œil t’a vu. »
La vraie vue de l’Esprit
Les témoignages des autres ne suffisent pas, la raison ne suffit pas, il suffit de voir Dieu. Que veut dire voir Dieu ? Quand nous disons que Dieu parle et que nous l’entendons, c’est la pauvreté du langage qui nous fait employer ces mots par analogie. Cela ne se passe pas dans nos oreilles mais dans notre cœur. Quand les disciples voient Dieu, cela se passe peut-être aussi ailleurs que dans les yeux. Dieu est réel, nous pouvons le voir. Nous verrons Dieu présent et agissant dans notre vie, et notre vie sera illuminée, éblouie de cette vision céleste, de cette vision terrestre. Au-delà des yeux qui voient Jésus, nous prenons de lui le Souffle saint qui change tout, qui donne des yeux pour voir et la foi pour être ses envoyés. C’est une réalité. Un don de Dieu qui répond aux prières.
Heureux vous qui avez vu Dieu dans votre vie, vous recevez la foi comme une grâce ! Heureux aussi vous qui croyez sans avoir vu, qui croyez en aveugles, et qui croyez douter, Dieu vous connaît, vous aime et vous bénit tout autant, d’une autre manière, en secret ! La paix soit avec vous !
Amen.