L’appel vibrant à la réconciliation
L’amour du Chris nous étreint, nous presse dit-il, de ne plus vivre pour nous-même, mais il nous pousse à agir en connaissance de cause. Les théologiens récents s’accordent pour dire que nous avons ici la clé de compréhension de la théologie de Paul : l’appel à la réconciliation.
Puisque la nouvelle ère commence, les croyants peuvent devenir des personnes nouvelles. Puisque la nouvelle ère commence de nouvelles relations sont possibles. L’offre de réconciliation de Dieu s’exprime par son peuple.
(C’est ce rêve, cette utopie que la Cevaa tente de vivre et de rendre visible depuis plus de 50 ans.
Préambule des statuts :
« Des églises protestantes de divers continents, réunis le 30 octobre 1971 à Paris, reconnaissantes envers Dieu qui leur a révélé en Jésus Christ son amour pour le mode entier, … convaincus que… le Seigneur les appelle à s’engager dans des relations nouvelles, ont décidé de constituer la Communauté Evangélique d’Action Apostolique (CEVAA). »)
Les disciples sont de créatures nouvelles, car le Christ est mort pour eux et les a fait entrer dans un nouvel ordre spirituel. C’est à la fois une réalité et en même temps un défi, car nous demeurons dans la chair, nous sommes toujours aux prises avec les réalités du péché.
Nous trainons nos vieilles façons de nous considérer, de nous méfier des autres, de nous jalouser…
Chez les Corinthiens ce processus de nouvelles relations s’est grippé, car des personnes mettaient en doute l’autorité de l’apôtre et la véracité de son message. De plus certains l’accusaient de voler les collectes des Corinthiens pour les chrétiens de Jérusalem.
Dans nos communautés chrétiennes nous vivons aussi des moments où il nous arrive à nous demander : « Est-ce que l’autre est vraiment un chrétien ? Il a des comportements qui me blessent, me dénigrent, m’excluent. Il a commis des actes inacceptables.
Même à la Cevaa il nous arrive de voir que les relations qui avaient été rêvées nouvelles et transformées par le Christ, deviennent conflictuelles, méprisantes, remplies de ressentiments et chargées de préjugés.
« A l’échelle de l’église mondiale, l’Église est encore aux prises avec le fanatisme de la supériorité raciale et culturelle, alors que la croix du Christ met tous les êtres humains sur le même plan. En d’autres termes, le pouvoir égalisateur du Christ ne sera pas manifeste parmi les ses disciples tant que la nouvelle création ne sera pas réalisée dans les rapports humains. » note le bibliste Kenneth Mtata du Zimbabwe, actuellement directeur des programmes au COE à Genève.
Cette double réalité entre une nouvelle relation à soi et au monde grâce au Christ, et les déterminismes, l’esclavage du péché montrent que la nouvelle création n’est pas statique, car la vie n’est pas statique, mais dynamique, toujours en évolution.
Toujours et à nouveau, Paul invite ses communautés à la réconciliation.
L’apôtre se soucie de cette communauté bouillonnante qu’est l’église de Corinthe. Avec ses paroissiens venus de différentes origines, culturelles, religieuses, linguistiques, issus de différentes classes sociales. Il sent que sans pardon et sans réconciliation cette communauté imploserait. Elle ne pourrait pas non plus être témoin du Christ mort et ressuscité autour d’elle dans cette ville portuaire.
Pour l’apôtre Paul la réconciliation entre les êtres humains et Dieu est terminé ! Lui seul a pris l’initiative en s’engageant personnellement par l’envoi de son fils Jésus Christ. Par lui Dieu renouvelle son alliance avec les humains. Et c’est si fondamental pour Paul qu’il le compare d’un retour de la mort à la vie (Romains).
Voilà pourquoi Paul insiste tant auprès des Corinthiens : « Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » (v. 20)