S'engager
L’amour de Dieu pour Israël
Pierre rappelle la promesse de Dieu à Abraham, et donc à Israël. Les Juifs sont les fils des prophètes et de l’alliance que Dieu a établie. Dieu est père, il aime son peuple, son enfant Israël.
Mais si l’amour d’un père demeure toujours, total et inébranlable, un père n’approuve pas pour autant tout ce que fait son enfant. Les prophètes de la Bible ne cessent d’appeler le peuple à revenir à Dieu, autrement dit à faire demi-tour, à se convertir. Et Pierre ici parle comme un prophète.
Jésus est au côté de celui qui est tué
Jésus est celui qui est tué. Le 7 octobre 2023, quand le Hamas viole et massacre un millier d’Israéliens, Jésus est israélien, c’est Jésus qui est tué. Aujourd’hui, quand l’armée israélienne massacre des myriades de Palestiniens, Jésus est palestinien, il souffre et meurt avec eux. Et si le conflit s’étend comme nous le redoutons après l’attaque de l’Iran, si d’autres morts s’ajoutent, quelle que soit leur nationalité, Jésus sera encore aux côtés de ceux qui meurent. Voilà le sens de la mort de Jésus, Dieu qui vient se faire humain et vivre et mourir avec nous.
Je pense au peintre juif Marc Chagall, qui a représenté Jésus en croix en châle de prière juif, pour dire que Jésus représente tout juif torturé et assassiné, et j’élargirais encore : il représente tout être humain souffrant jusqu’à la mort.
Jésus était juif, a été tué par des juifs et par des non-juifs. Cela ne nous dit pas de façon automatique où nous situer dans le conflit israélo-palestinien d’aujourd’hui. Mais Jésus est toujours du côté du pardon, et non de la vengeance. De l’amour, et non de la haine.
En 1934, face à la montée du nazisme en Allemagne, les Chrétiens allemands mélangent la foi et la culture nationale allemande. L’Église confessante apparaît alors et fait sécession. Dans cette Église confessante, de jeunes théologiens allemands, parmi lesquels Dietrich Bonhoeffer et Karl Barth, écrivent la confession de Barmen, où au nom du Christ ils prennent position contre le nazisme, dénoncé comme une idolâtrie. Ils entrent en résistance, et sont persécutés. Ils ne sont pas restés à se taire, pendant que commençait l’idéologie qui allait mener à l’extermination des juifs.
Les crimes du nationalisme israélien
J’ai entendu un pasteur déclarer qu’il était permis, et même sain, que les paroissiens soient en désaccord avec leur pasteur. J’ai trouvé cela sage et libérateur, d’autant plus que justement ne me sentais pas toujours en phase avec lui. Il est bon parfois de faire réagir, d’étonner, de provoquer un débat ; cela nous fait réfléchir. Alors avec cette liberté et ce respect pour l’opinion de chacun, je dis ce qui suit.
Je me permets de dire qu’à mon avis, les orthodoxes russes sont dans la même dérive que les chrétiens allemands. La foi devient assimilée à la culture nationale, et se trouve embrigadée dans une dictature nationaliste, et complice des crimes du régime qu’elle cautionne et auquel elle s’associe.
Je me permets de dire qu’à mon avis, l’État d’Israël, qui ne se confond pas avec le peuple juif, est pris aussi dans une dérive semblable aux chrétiens allemands. Ou peut-être même qu’il n’y a plus rien de religieux dans la politique du gouvernement israélien. L’identité nationale exacerbée empêche d’entendre la parole de Dieu. Le nationalisme d’extrême droite, le néocolonialisme, le militarisme, la haine font commettre des crimes. Israël aussi peut commettre des crimes, et il y a beaucoup d’exemples dans la Bible de rois d’Israël qui font ce qui déplaisent au Seigneur, et qui imitent les abominations des nations (2 Rois 21,2 ; …).
Maintenant, malgré ces crimes, malgré nos crimes, Dieu ne nous abandonne pas ; son amour reste intact, comme au jour de notre naissance.
Dieu espère en l’humain
Dieu croit à la conversion de son peuple. Dieu croit encore en l’humain même après que nous avons cessé d’y croire. Dieu a cette persévérance, cette espérance.
Au milieu de tous ces morts, où est l’espérance ? Dieu relève et réveille d’entre les morts. Même là où tout semble définitivement perdu, même après la mort, Dieu renverse la situation, Dieu change tout, même la mort.
Au milieu de toutes les mauvaises nouvelles que nous entendons, quelle est la bonne nouvelle ? Écoutons d’autres paroles, les paroles inspirées de Dieu. Elles annoncent ici « des temps de réconfort qui viennent du Seigneur », « les temps du rétablissement de tout ce dont Dieu a parlé » (Actes 3,20.21). Oui, Dieu renouvelle tout, réconcilie tout. Sa fidélité, son amour durent pour toujours.
Amen.