La création gémit
Du 1er septembre au 4 octobre, nous sommes dans le temps pour la création, auquel participent un grand nombre d’Églises chrétiennes dans le monde. Et puisque notre Église locale est engagée dans Église verte, je vous propose aujourd’hui un culte sur la création.
Le temps pour la création a choisi cette année le thème « Espérer et agir avec la Création », sur la base de ce très beau passage de la lettre aux Romains.
Nous abordons souvent les questions écologiques sous l’angle de l’inquiétude pour l’avenir et de l’urgence à agir. Mais ici, nous entendons des paroles autres. Non pas l’écoanxiété, mais l’espérance. Non pas l’urgence, mais l’attente et la persévérance, l’endurance.
Vous connaissez la réalité du changement climatique, la responsabilité de l’homme depuis l’âge industriel et l’ère des énergies fossiles. Vous ressentez déjà dans notre région des hivers plus doux qu’il y a seulement quelques décennies. Vous voyez déjà dans le monde la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, cyclones, tempêtes, inondations, sécheresses, incendies, canicules, qui s’intensifient par l’élévation de la température. Même la Covid serait due à la modification des écosystèmes, qui ont amené au contact de l’homme des espèces sauvages qui ont transmis le virus.
Les plantes sont touchées, et des paysages autrefois magnifiques sont irréversiblement abîmés par les humains. Les animaux sont touchés, des espèces disparaissent, la biodiversité recule. Les humains sont touchés, et une fois de plus les plus pauvres, l’Afrique et l’Asie du Sud, et les zones tropicales, avec la chaleur qui devient mortelle lorsqu’elle approche les 50°, avec les cyclones plus violents et la désertification des zones semi-arides. Il y a des enjeux de justice sociale, et de financement de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique.
Est-ce un cataclysme, une apocalypse ? La Bible nous amène à un autre regard, à notre vocation aux yeux de Dieu. Il a pour la terre un projet et une promesse.
Paul parle premièrement de la souffrance de la création, de ses gémissements, de ses soupirs ; et deuxièmement d’une espérance. Et nous verrons pour finir que cette souffrance et cette espérance est celle de la naissance des fils adoptifs de Dieu.
Oui la création souffre, nous en prenons de plus en plus conscience depuis quelques années. Mais déjà dès le troisième chapitre de la Genèse, la souffrance est là. La réalité de notre terre n’est pas le jardin d’Éden que Dieu a voulu pour nous. Les grossesses et les accouchements impliquent des douleurs. La culture du sol s’avère pénible, comme une malédiction.
Cultiver le sol, c’est littéralement le servir. Servir comme le service d’un serviteur, ou comme la servitude d’un esclave. Servir comme nous servons Dieu. Alors oui, ce service implique une souffrance. Prendre soin de la terre, c’est une joie par moments, mais c’est aussi un effort. Un effort pour agir, transformer des idées en réalités concrètes, changer ses habitudes. Et simplement faire attention, faire attention à l’autre et à toute la création, contre la facilité de l’égoïsme et de l’indifférence. Aimer, c’est fait de petites attentions.
La création gémit sous le dérèglement climatique. Mais déjà, dès Genèse 6, les hommes ont fait n’importe quoi, et voilà le premier cataclysme, qui va détruire toute la terre. La première inondation dans la Bible apparaît, c’est le déluge. La fin du monde est très ancienne.