La joie pour le roi
Humblement j’ai trouvé sur ce texte de très beaux commentaires que je veux partager avec vous, sur la joie devant le roi, sur le drame de la passion, sur la force des pierres.
L’approche royale de Jésus vers Jérusalem est un moment d’immense espérance et de joie, une parenthèse de bonheur. Comme la transfiguration, elle perce les nuages ; et par cette ouverture, elle fait entrevoir le ciel et la royauté du Christ. Accueillir Jésus est une fête.
Sœur Myriam écrit :
« À l’intime des cœurs, avant que n’éclate la faiblesse humaine, avant les outrages, avant le chemin vers Golgotha, à l’intime des cœurs, aujourd’hui et maintenant se célèbre un Roi. Il est bon de recevoir la fête des Rameaux comme des gens qui ne sauraient pas la suite. Il est bon, au jour de l’enthousiasme, de ne pas fermer notre cœur » (Sœur Myriam, Continuer l’Évangile, éditions Olivétan, 2008, p. 299).
Le texte biblique s’éclaire par de nombreuses références symboliques qui disent la royauté de Jésus.
- L’ânon attaché évoque la bénédiction faite à Juda parmi les douze fils d’Israël à la fin du livre de la Genèse :
« Le sceptre ne sera pas retiré à Juda, ni le bâton de commandement qui est entre ses jambes […]. Il attache son âne à la vigne, le petit de son ânesse à un cep de qualité ; il lave son vêtement dans le vin, son habit dans le sang des raisins. » (Genèse 49,9-10).
Le roi David et ses descendants sont en effet de la tribu de Juda. Et l’évocation du sang des raisins peut se lire comme une prophétie messianique, annonçant la passion du Christ qui nous purifie.
- La foule acclamant Jésus monté sur l’ânon rappelle la fête d’onction du roi Salomon, fils de David :
« ils firent monter Salomon sur la mule du roi David et l’amenèrent à Guihôn. Tsadoq, le prêtre, prit la corne d’huile dans la tente et conféra l’onction à Salomon. On sonna de la trompe, et tout le peuple dit : Vive le roi Salomon ! Tout le peuple monta derrière lui ; le peuple jouait de la flûte et se livrait à une grande joie ; la terre se fendait au bruit qu’ils faisaient. » (1 Rois 1,38-40).
Le petit détail des manteaux étalés sur le sol trouve sa source dans une autre cérémonie de sacre royal, celle de Jéhu :
« Alors chacun d’eux se hâta de prendre son vêtement et de le placer sous Jéhu, en haut des marches ; ils sonnèrent de la trompe et dirent : Jéhu est roi ! » (2 Rois 9,13).
Pour l’acclamation, Luc cite le Psaume 118 : « Béni soit celui qui vient au nom du SEIGNEUR ! » (Psaume 118,26).
- L’âne est aussi une allusion à la vision messianique du livre de Zacharie :
« Sois transportée d’allégresse, Sion la belle ! Lance des acclamations, Jérusalem la belle ! Il est là, ton roi, il vient à toi ; il est juste et victorieux, il est pauvre et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse. » (Zacharie 9,9).
La mention du mont des Oliviers se comprend aussi en référence à Zacharie :
« Ses pieds se placeront en ce jour-là sur le mont des Oliviers, qui est en face de Jérusalem, à l’est […] Le SEIGNEUR sera roi de toute la terre ; en ce jour-là, le SEIGNEUR sera un, et son nom un. » (Zacharie 14,4.9).
Cet enthousiasme populaire est donc aussi un événement qui accomplit les prophéties et signe la royauté de Jésus. Quand tant de dirigeants terrestres nous déçoivent, nous pouvons regarder à lui, qui est le roi d’un ailleurs, qui annonce une autre vérité.
Voici un roi de paix, un roi humble, qui illustre une conception bouleversante et renversante du pouvoir : le premier se fait serviteur, le plus grand devient le plus petit. Si nous exercions ainsi le pouvoir que nous avons pour les autres, comme un ministre c’est-à-dire un serviteur, combien toutes nos relations seraient changées ! Nous n’aurions plus à nous battre pour obtenir et garder le pouvoir, ni pour échapper à la domination et nous affranchir de la soumission. Nous serions soumis les uns aux autres, dans le travail, dans le couple et la famille, dans l’Église, dans la vie de la cité. Le pouvoir ne serait plus le lieu de la hiérarchie et de l’asservissement, mais seulement la possibilité d’agir, d’édifier, de donner, l’ouverture de tous les possibles de notre humanité.
« Paix dans le ciel et gloire dans les lieux très hauts ! » À Noël, la paix était annoncée sur la terre (Luc 2,14), ici elle demeure dans le ciel, car le règne de Jésus est du ciel. Et pourtant cette paix du ciel peut descendre sur la terre ; c’est déjà la fête ! Car nous savons que Jésus va mourir sur la terre, mais qu’il est vivant, relevé de la mort. Nous voyons la paix ultime au-delà.