Les bénis de mon Père
Les actualités si terribles, si meurtrières, si présentes par les médias, peuvent nous oppresser. Elles nous touchent. Elles font naître en nous un sentiment d’impuissance, d’inaction, et une culpabilité pour cette inaction.
Je suis certain que la plupart d’entre nous sommes sensibles au sort des étrangers, des prisonniers, des plus petits. Car ce n’est pas la première fois que nous entendons l’évangile, et nous voulons aider notre prochain.
Mais le monde entier souffre, alors nous voudrions soulager le monde entier. Et nous ne le pouvons pas, d’où la culpabilité.
Sauver le monde ?
Le roi dit : « En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! »
Il y a ce chiffre un. Dieu ne demande pas d’aimer tous ceux qui sont dans le besoin, mais de commencer par un. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Ton prochain, au singulier. Les Anglais traduisent your neighbour, ton voisin. Il n’y en a pas des milliers. C’est concrètement l’être humain que je vois en chair et en os à côté de moi. Ce n’est pas d’abord celui que je vois à la télévision à des milliers de kilomètres, parce que je ne peux pas lui parler, il ne parle même pas la même langue que moi, je ne peux pas poser la main sur son épaule, il n’est pas face à moi et nous ne sommes pas en relation.
Parfois nous voudrions sauver le monde. Mais Dieu n’a pas dit : « Sauve le monde. » Il a dit simplement : « Aime ton prochain. » L’amour n’a pas d’obligation de résultat, l’amour n’est pas d’abord efficace ou productif. Il est, simplement, pour lui-même, et il suffit. L’amour n’est pas une action, mais juste un sentiment. L’amour n’empêche pas les gens de mourir ; pourtant l’amour est fort comme la mort. Il n’apporte pas l’immortalité, mais la vie éternelle.
Pour sauver le monde, il y a un seul sauveur, Jésus-Christ.
La culpabilité imaginaire
Le sentiment de culpabilité n’est pas spirituel, mais psychologique. La culpabilité est souvent imaginaire. Imaginaire parce que nous nous déclarons coupables de lois imaginaires que nous nous sommes nous-mêmes imposées, implicitement.
Par exemple, la loi : « Tu ne mangeras pas de sucreries. » La loi anti-gourmandise, ou la loi du régime diététique. Vous remarquerez que cette loi n’est pas dans la Bible. Dieu dit : « De tout arbre du jardin, tu mangeras, tu mangeras. »
Mais nous nous sentons coupables en mangeant une sucrerie : culpabilité imaginaire.
De même, nous nous sentons coupables de ne pas sauver le monde, alors que Dieu ne nous a jamais demandé de sauver le monde à la place de son Fils. N’ayons pas le complexe du sauveur, du bon samaritain, qui a besoin de se sentir utile pour exister. Celui-ci a reçu une bonne éducation chrétienne, il se met au service des autres, oui mais il est devenu incapable de ne pas rendre service. Car celui qui rend service reçoit des remerciements, sait qu’il fait une bonne action. Alors il va imposer ses services à des gens qui n’ont rien demandé.
« – Veux-tu boire quelque chose ?
– Non merci je n’ai pas soif.
– Du café, du thé, un sirop ?
– Non, je t’assure, c’est parfait.
– Attends, j’ai aussi du jus de pamplemousse.
– Non, sincèrement, ça va.
– Si, si, je ne peux pas te laisser sans que tu aies quelque chose à boire. Je vais trouver ce qu’il te faut. »
Finalement, la personne qui prétend aider n’écoute pas l’autre qui lui a dit qu’il n’avait pas soif. Et qui n’a peut-être pas envie d’être trop materné.
Dieu nous sauve par grâce, et non par nos œuvres. Donc nous sommes libres d’agir par amour, et pas par le poids du devoir. Je pense à une cousine éloignée, fille de pasteur, qui s’était suicidée il y a une quinzaine d’années. Et ce qu’on a compris de ses raisons, c’était qu’elle se sentait responsable de toute la misère du monde, et qu’elle en était écrasée, désespérée.
Dieu est le créateur, le monde est dans ses mains. Tout ne repose pas sur nos propres forces. C’est la grâce et la liberté.
Face au sentiment de culpabilité, remettons-le à Dieu. Si notre faute est imaginaire, il nous rassurera, et c’est lui qui agira. Si notre faute est réelle, il nous pardonnera. Oui nous ne sommes pas là juste pour sauver les autres, nous avons aussi besoin nous-mêmes d’être sauvés. Nous ne sommes pas là seulement pour aimer notre prochain, mais aussi pour être aimés. Nous reconnaissons alors que nous avons besoin de Dieu, de sa puissance et de son amour. Et tout cela, il nous le donne. Ne cherchons pas à tout faire tout seul.
Le feu
Le châtiment éternel est effrayant. Nous sommes tous un peu brebis et un peu chèvre. La séparation n’est pas entre deux catégories de personnes, mais elle passe à l’intérieur de nous-mêmes. Le feu détruira tout ce qui est mauvais en nous, tout le fardeau de nos péchés et de nos actes manqués. Et il restera ce qui est bon en nous, tel que Dieu nous a voulu au commencement, quand il s’est exclamé : « C’est très bon ! » « C’est très beau ! » Il nous purifie.
Nous ne sommes pas chimiquement purs, nous sommes mélangés. Mais cela, c’est avant que Jésus nous sauve et que Dieu nous pardonne.