Dans le désert, un fleuve (Marc 1,1-8 et Ésaïe 40,1-11)

Prédication du dimanche 10 décembre 2023

Désertique

Le désert, c’est comme la neige. La beauté par la nudité, l’uniformité du paysage à perte de vue, un grand calme, une lumière éblouissante. Le désert est dur et brutal par sa chaleur sèche, comme la neige l’est par la morsure du froid.

 

Nos vies parfois sont glacées, nos cœurs gelés comme celui de la reine des neiges. Nos cœurs parfois sont désertiques, arides. Le désert, c’est la solitude absolue. Le désert c’est la mort. Une planète hostile aux humains, glaciale ou brûlante.

 

Et là, une voix crie, et perce le silence. Un événement va arriver.

Un torrent de vie

Et Jean baptise dans le désert. Autrement dit, Jean immerge dans le désert, il submerge, plonge, inonde. L’eau coule au milieu du désert, c’est le fleuve Jourdain, et sur ses rives le désert devient palmeraie, verdure, vergers, végétation généreuse.

 

Dans Le Petit Prince, il est écrit : « Ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits quelque part. » La source transforme le désert, transforme la mort en vie. Notre source intérieure c’est le Christ.

 

Le Jourdain se jette dans la mer Morte. Et dans l’image d’Ézékiel 47, l’eau du fleuve du temple est si pure et si douce et si abondante qu’elle redonne la vie à la mer Morte, qui se remplit de poissons.

« Cette eau sortira vers le district oriental, descendra dans la plaine aride et entrera dans la mer ; lorsqu’elle se sera jetée dans la mer, les eaux de la mer deviendront saines. Partout où le torrent arrivera, tous les êtres vivants qui grouillent vivront ; il y aura une grande quantité de poissons, car cette eau arrivera là-bas et les eaux deviendront saines, et il y aura de la vie partout où arrivera le torrent. » (Ez 47,8-9).

Quand notre eau intérieure est morte, stérile, sans issue, amère ou salée comme les larmes, l’eau vive, l’eau vivante entre en nous, nous inonde et recrée la vie.

En Ésaïe 35, par l’arrivée de l’eau, le désert se couvre de fleurs :

« Le désert et le pays desséché s’égayeront ; la plaine aride tressaillira d’allégresse et fleurira comme le narcisse. […]

Car de l’eau jaillira dans le désert, des torrents dans la plaine aride.

Le lieu torride se changera en étang et la terre de la soif en fontaines […]

Il y aura là un chemin frayé, une voie ; on l’appellera ‟Voie sacrée” ». (Es 35,1.6-7.8).

Oui, cette route à ouvrir dans les déserts de nos vies, la voilà, une issue, une voie royale qui mène à Sion, à la cité de Dieu. Jésus ouvre un chemin, il est lui-même le chemin qui traverse la mort et qui mène à Dieu. Quand nos vies semblent desséchées, il les arrose. Quand elles semblent une voie sans issue, ou quand nous nous sentons perdus sans direction, il ouvre une route. En Ésaïe 43 :

« Je fais du nouveau, dès maintenant cela germe ; ne le savez-vous pas ?

Je mettrai un chemin dans le désert et des fleuves dans la terre aride. » (Es 43,19).

Aujourd’hui cette promesse s’accomplit.

Heureuse annonce

Le messager

[J’ajoute une parenthèse sur la promesse. « Me voici, j’envoie mon messager, il déblayera la route en face de moi. » (Ml 3,1). Cette citation ne vient pas du prophète Ésaïe, mais de Malachie chapitre 3. Malachie n’est pas un nom propre, c’est en hébreu Maleakhi, qui signifie mon ange, mon messager. Dieu envoie son messager. Et c’est Jean. Malachie est le dernier livre de l’Ancien Testament chrétiens, et ses derniers versets annoncent précisément le retour d’Élie :

« Je vous envoie Élie, le prophète, avant que n’arrive le jour du SEIGNEUR, jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers les fils et le cœur des fils vers leurs pères » (Ml 3,23-24).

Et comment reconnaître Élie ? Il est écrit en 2 Rois 1 :

« Achazia leur dit : Quel air avait l’homme qui est monté à votre rencontre et qui vous a dit ces paroles ? Ils lui répondirent : C’était un homme vêtu de poil et ayant une ceinture de cuir autour des reins. Et Achazia dit : C’est Élie, le Thischbite. » (2 Rois 1,7-8).

Ainsi la description du vêtement de Jean permet de l’identifier à Élie, et donc au messager qui annonce le jour du Seigneur.]

 

Le baptême du lépreux

Il nous sauve et fait grâce, il nous purifie, nous guérit. Le verbe grec baptizeïn qui signifie donc baigner, immerger, existe dans l’Ancien Testament grec de la Septante. Il apparaît dans l’histoire de Naaman le Syrien, le lépreux. Naaman se plonge, se baptise sept fois dans le Jourdain, et il est purifié de sa lèpre : « Il descendit alors et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l’homme de Dieu ; alors sa chair redevint comme celle d’un petit garçon : il était pur. » (2 Rois 5,14). Le baptême est donc une grâce de guérison.

 

L’évangile

Ésaïe annonce : « Monte sur une haute montagne, Sion, toi qui portes la bonne nouvelle ; élève ta voix avec force, Jérusalem, toi qui portes la bonne nouvelle ; élève ta voix, n’aie pas peur, dis aux villes de Juda : Votre Dieu est là ! » (Es 40,9). « Voici votre Dieu ! » (Es 35,4 ; 40,9). « Voici le Seigneur l’Éternel ! » (Es 40,10). C’est la grande et heureuse annonce. C’est la bonne nouvelle. C’est l’évangile. Et Marc répond à Ésaïe en disant : « Commencement de la bonne nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu. » (Marc 1,1). Cette bonne nouvelle est l’arrivée de Jésus, comme la source d’eau jaillissante au milieu du désert, comme le fleuve de vie qui fait éclore un jardin de paradis. Quelle joie ! Aujourd’hui commence la bonne nouvelle de Dieu qui vient. Amen.

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