Si tu savais le don de Dieu
Enfin, il y a le don de Jésus. Jésus dit à Jacques et Jean cette phrase si belle : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Et juste après, dans le même chapitre, Jésus rencontre l’aveugle Bartimée et lui demande : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Marc 10,51).
Bartimée demande à voir, et Jésus le lui accorde. Jacques et Jean apparemment passent à côté de l’offre de Jésus. Par ambition ou par ignorance, ils demandent une position que Jésus doit leur refuser.
D’un côté, ils croient à la résurrection, dans le sens de la gloire du Christ. Et ils osent demander quelque chose à Jésus, le prier.
D’un autre côté, ils ne semblent pas avoir pris conscience de ce qu’implique la croix du Christ, un chemin de souffrance aussi, qui est évoqué symboliquement par une coupe, une coupe d’amertume, et par un baptême, c’est-à-dire une immersion, une noyade, la mort avant de revivre.
Jacques et Jean finissent martyrs, c’est ce que Jésus leur dit.
Ils ne doivent pas chercher les meilleures places dans le royaume des cieux ; cela n’a pas de sens. Jésus lui-même reste extrêmement humble en disant que cela ne lui appartient pas de décider qui sera comme son bras droit et son bras gauche. C’est le mystère du Père, sa souveraineté.
Pourtant Jésus leur donne une chose d’une valeur inestimable, qu’ils n’avaient pas demandée. Il leur donne sa vie. Il n’y a pas de plus grand amour. Jésus donne au-delà de ce que nous demandons ou même espérons.
« Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils ne savent pas répondre, mais voilà ce que Jésus fait pour eux : servir et donner sa vie, sa respiration, ce qui l’anime, sans compter, jusqu’à son dernier souffle.
Et ainsi il donne un sens à sa mort. Elle n’est plus un assassinat terriblement injuste ; elle devient un cadeau. Elle ne vient plus de la haine, mais de l’amour. Elle n’est plus subie, mais choisie librement.
Jésus donne sa vie en rançon. C’est une merveille. Nous étions prisonniers, et il paie le prix pour nous libérer. Nous étions esclaves, et il nous rachète à notre ancien maître ; il nous a rachetés de nos péchés auxquels nous étions asservis. En donnant sa vie pour nous, il nous délivre et nous donne une vie renouvelée, la vraie vie, la vie qui atteint une plénitude, qui prend une autre dimension.
Jésus s’identifie alors au serviteur souffrant. Il souffre parce qu’il est serviteur, et accomplit l’Écriture, les paroles de Dieu proclamées par le prophète Ésaïe. « Mon serviteur, le juste, apportera la justice à la multitude » (Ésaïe 53,11). Et Jésus redit : « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. » Dans ces deux versets, nous retrouvons l’idée de service, et la multitude. Ce n’est plus seulement Jacques et Jean qui sont en jeu, qui sont les bénéficiaires. Jésus meurt et vit pour la multitude. Il paie la rançon pour libérer toute la multitude, qui n’est pas limitée en nombre, et dont nous faisons partie, nous le croyons, par la foi.
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Pour résumer un peu différemment les choses, Jésus se révèle et révèle l’image de Dieu. Il fait entrevoir une puissance, un pouvoir, une possibilité à l’opposé de ce que pratiquent les humains de la terre. Car Dieu s’accomplit en nous servant, en nous offrant la liberté ; il nous propose la douceur et la vulnérabilité de l’amour. Jésus nous rappelle en même temps l’immensité de Dieu, qui nous dépasse toujours et purifie nos envies de grandeur. Il ne peut être qu’admiré ; sa beauté peut à peine être vue en face ; sa gloire est éblouissante. Jésus se dévoile lui-même comme serviteur souffrant qui se donne à nous, pour nous racheter et nous délivrer de tous les esclavages. Et c’est ainsi, en étant humble serviteur, qu’il est roi.
Amen.