À son image
Jésus appelle à rendre à Dieu ce qui est à Dieu. C’est libérateur, car cela situe Dieu au-dessus de toute autorité. Il est le roi des rois. Il est roi, mais sa royauté n’est pas de ce monde.
L’image icône
Jésus fait observer la monnaie romaine, le denier. Sur celle-ci, un visage et un nom, ceux de César.
Un denier romain à l’effigie de l’empereur Tibère (14-37 ap. J.-C.). Inscriptions côté face : TI[berivs] CAESAR DIVI AVG[vsti] F[ilivs] AVGVSTVS (Tibère César Auguste, fils du divin Auguste) ; côté pile : PONTIF[ex] MAXIM[us].
Qu’est-ce qui est à César ? La pièce d’argent. Qu’est-ce qui est à Dieu ? Jésus ne le dit pas ici ; mais nous trouvons la réponse dans les Écritures.
Cette effigie, c’est pour être exact l’image, eïkon en grec, qui a donné icône. Une icône, c’est une image, et c’est ce même mot qui est employé dans la version grecque de la Genèse pour dire que l’être humain est créé à l’image de Dieu, en icône de Dieu.
Ironiquement, les pharisiens et les hérodiens portent sur eux la pièce de César. S’ils s’appliquaient leur intransigeance à eux-mêmes, ils se surprendraient en flagrant délit, non seulement d’allégeance au pouvoir romain, mais même d’idolâtrie religieuse devant l’icône de César.
« Puisque vous n’avez vu aucune figure le jour où l’Éternel vous parla du milieu du feu, à Horeb, veillez attentivement sur vos âmes, de peur que vous ne vous corrompiez et que vous ne vous fassiez une image taillée, une représentation de quelque idole, la figure d’un homme ou d’une femme […] » (Deutéronome 4, 15-16).
Voilà leur hypocrisie : se faire passer pour de purs juifs (pour les hérodiens, de « vrais » juifs dans leur nationalisme) et des juifs purs (pour les pharisiens, des juifs « parfaits » religieusement), alors qu’ils sont comme tout le monde contaminés par César.
Que devons-nous rendre à Dieu ? Ce qui porte l’image de Dieu, c’est-à-dire l’être humain, chacun de nous. Nous sommes à Dieu, redonnons notre être à Dieu.
L’inscription Écriture
Et il y a aussi l’inscription sur la pièce. Ce même mot d’inscription se retrouve une seule fois dans un autre contexte dans le Nouveau Testament : en Luc 23,38 : « Il y avait au-dessus de lui cette inscription : Celui-ci est le roi des Juifs. » Cette inscription est comme une légende écrite au-dessus. Là encore, au lieu de nous attacher à César, nous sommes renvoyés au véritable nom, celui de Jésus Christ. Et peut-être aussi que ce texte écrit renvoie aussi aux Écritures, celles qui par l’inspiration du Saint-Esprit ouvrent à la parole de Dieu. Ces écritures-là sont bien plus essentielles que les quelques signes écrits sur la pièce de monnaie de César.
Qu’est-ce qui porte l’inscription de Dieu ? Et qu’est-ce qui est à Dieu ? L’être humain.
« Je donnerai ma Tora en leur sein ; et sur leur cœur je l’écrirai. Et je deviendrai à eux pour Dieu, et eux deviendront à moi pour peuple. » (Jérémie 31,33).
Redonner
Rendre à Dieu, littéralement, c’est redonner à Dieu, comme en retour de tout ce qu’il nous a donné. César a donné aux juifs des morts, des discriminations, des emprisonnements, des taxes. Qu’est-ce que Dieu nous a donné ? Il nous a donné la vie, le mouvement et l’être, il nous a créés, il nous a aimés, il nous a donné la terre, nous a pardonné. Alors redonnons à Dieu notre vie consacrée à lui, à son service, notre terre embellie pour sa gloire, le pardon autour de nous, notre amour partagé et répandu, sa parole de bonne nouvelle explosant en joie qui se propage. Que tout fleurisse à partir des semences qu’il nous a données !
Gardons les yeux fixés sur l’image de Dieu, les oreilles tendues à la lecture des écritures qui racontent Dieu. Redonnons à Dieu notre père d’amour, un peu de tout ce qu’il nous a donné ! C’est la louange que nous voulons donner à Dieu !
Amen.