Pour vous, qui suis-je ?
Jésus nous emmène ici à travers tout un itinéraire, qui mène de la connaissance du Christ à la connaissance de soi, jusqu’à l’abandon au Père et à la fondation de l’Église du Christ.
Pour vous, qui suis-je ? demande Jésus.
Des réponses sont données, des réponses humaines qui l’identifient à des prophètes. Aujourd’hui, Jésus peut être apprécié par ses paroles ou par ses actes. Des paroles qui ne condamnent pas, qui font vivre, une philosophie non-violente, inclusive, égalitaire, étonnamment moderne, une foi simultanément fidèle au judaïsme, et lucide et critique sur les abus des religieux de son temps. Des actes qui font du bien, car Jésus guérit, il prend soin des gens, des plus pauvres, des malades : c’est la solidarité en pratique, un modèle qui peut nous inspirer. Jésus a eu aussi la cohérence de porter son message jusqu’au bout, jusqu’à la mort en martyr.
Jésus est tout cela, mais je crois qu’il est encore bien plus qu’un homme admirable, un personnage historique marquant et qui nous inspire encore.
Jésus insiste et repose la question différemment de la première fois : Pour vous, qui suis-je ?
Jésus demande d’aller plus loin que ces réponses objectives, rationnelles, logiques, universelles. Il demande une réponse personnelle de chacun, subjective forcément, et où nous nous engageons. Il désire que nous allions plus loin que la répétition de ce que d’autres ont dit.
Il est le Christ, le Fils du Dieu vivant. Nous croyons qu’il est homme et Dieu. On pourrait dire, un homme tellement rempli de Dieu qu’il fait un avec lui. Un homme qui porte en lui la totalité de Dieu. Un Dieu qui s’est fait totalement présent à l’homme, qui s’est fait homme. Un homme et Dieu ensemble.
Quelques analogies : dans l’Ancien Testament, Dieu fait la promesse : « Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. » Nous sommes appelés à cette relation très étroite entre Dieu et le peuple. Nous en lui et lui en nous, comme écrit Jean. Et ce n’est pas moi tout seul avec Dieu, c’est une communauté avec Dieu, un peuple, une Église. Ainsi je suis en lien avec mes frères et sœurs en même temps que je suis en lien avec Dieu.
Et puis c’est l’image des noces de l’Agneau. Le Christ épouse l’Église, voilà jusqu’où va cette intimité, jusqu’à l’union. Car c’est de l’amour qui nous unit, sans fusionner, en gardant notre identité et nos différences, mais dans l’unité.
Dieu s’est fait homme par empathie, pour pouvoir connaître tout ce que nous vivons, et pour pouvoir s’unir parfaitement à nous, lui en nous et nous en lui, Dieu dans l’humain et l’humain en Dieu.
Puisque Dieu est uni à l’être humain en Jésus, alors Jésus est bien plus qu’un prophète.
Puisque Dieu est le Dieu vivant, il agit aujourd’hui dans nos vies. Un Dieu mort, ce serait par exemple un grand horloger qui aurait mis le monde en mouvement perpétuel, et qui serait mort, et le monde aurait continué à évoluer sans lui après la mort du créateur. Un Dieu abstrait et théorique, un Dieu philosophique, un Dieu dont on est seulement convaincu qu’il existe, peut être un Dieu mort, un Dieu avec lequel nous n’avons aucun contact, aucune prière, aucune louange, une foi morte pour un Dieu désincarné. Mais le Dieu vivant est créateur aujourd’hui, c’est le Dieu qui donne une descendance à Abraham et Sara qui restaient figés dans la tristesse de la stérilité, c’est le Dieu qui fait sortir d’Égypte et qui libère de tous les esclavages, et qui donne une loi juste pour vivre heureux ensemble. Le Dieu vivant est le Dieu qui agit dans l’histoire et donc dans le présent, et pour l’avenir.