La semence qui grandit (Marc 4,26-32)

Prédication du dimanche 25 mai 2025, baptême d'Esmée.

Arrosés de grâce

Voilà deux paraboles. Jésus raconte deux petites histoires pour donner une image du Royaume de Dieu. Dans le même chapitre, il a expliqué la parabole du semeur en disant : « Le semeur sème la parole. » (Marc 4,14). Quand nous entendons la parole de Dieu, une parole humaine où Dieu nous parle, c’est comme une petite graine de paradis qui entre en nous. Une graine c’est encore tout petit, et ça contient déjà tout le programme pour devenir une grande plante.

 

Alors le semeur sème la parole ; et qu’arrive-t-il après ? Vous savez ? Eh bien, nous ne savons pas. La graine est cachée dans la terre, on attend, on ne voit rien. On pourrait se dire : « Mais la graine est perdue, gaspillée, ça ne germera jamais. » Mais ce qui se passe sous la terre, nous ne le savons pas. Et parfois la graine s’enracine, nuit et jour, ce n’est pas du temps perdu. Simplement ça nous échappe. Le semeur peut dormir, ça ne dépend plus de lui. Et pendant ce temps il se passe quelque chose en secret.

 

Et la graine change. Et un jour quelque chose apparaît. C’est d’abord une petite pousse fine et fragile comme un brin d’herbe, puis un épi de blé. Un épi de blé, c’est la possibilité de nombreux grains à semer à leur tour. Le petit grain de foi grandit et nous fait grandir.

 

« Moi, j’ai planté, Apollos a arrosé, mais c’est Dieu qui faisait croître. Ainsi, ce n’est pas celui qui plante qui importe, ni celui qui arrose, mais Dieu, qui fait croître. […] Car nous sommes des collaborateurs de Dieu. Vous êtes le champ de Dieu » (1 Co 3,6-7.9).

 

Nous sommes comme les plantes que Dieu fait pousser. Il faut plusieurs choses pour que la plante germe et grandisse et se développe. Il faut la graine, la semence, et une belle terre pour la recevoir ; il faut de l’eau, et du soleil pour la lumière et la chaleur. Le baptême c’est comme l’arrosage. Il existe déjà quelque chose avant : la semence, ce que nous sommes par la parole de Dieu. Nous espérons avec assurance que le baptême sera le commencement de la germination. Et il faut du temps après, et du soleil et encore de la pluie, pour que la plante grandisse ; et toute sa vie elle grandira.

Petite moutarde

C’est peut-être même comme la moutarde, la plus petite de toutes les semences de la terre. Mais ce n’est pas grave d’être petit. Cette minuscule semence recevra de Dieu tout ce qu’il faut. La fleur des champs vit par la grâce de Dieu. Le baptême est le signe visible de cette réalité spirituelle : Dieu nous donne sa grâce première et fondatrice. Et elle grandira, et elle nous étonnera, et nous oublierons même combien elle était petite. Nous tous, nous avons été encore plus petits qu’une graine de moutarde, et déjà dans le ventre de notre mère il nous connaissait et prenait soin de nous. Et la semence portera des fruits, et la moutarde fera de l’ombre pour accueillir le nid des oiseaux.

 

Il y a un seul autre endroit dans les évangiles et le Nouveau Testament où Jésus évoque la moutarde, et c’est pour parler de la foi :

« Si vous aviez de la foi comme une graine de moutarde, vous diriez à ce mûrier : ‟Déracine-toi et plante-toi dans la mer”, et il vous obéirait. » (Luc 17,6).

 

En nous la parole est semée, la foi est semée, minuscule, invisible, mais elle est là et germe. Comme écrit Zola à la fin de Germinal :

« Maintenant, en plein ciel, le soleil d’avril rayonnait dans sa gloire, échauffant la terre qui enfantait. Du flanc nourricier jaillissait la vie, les bourgeons crevaient en feuilles vertes, les champs tressaillaient de la poussée des herbes. De toutes parts, des graines se gonflaient, s’allongeaient, gerçaient la plaine, travaillées d’un besoin de chaleur et de lumière. Un débordement de sève coulait avec des voix chuchotantes, le bruit des germes s’épandait en un grand baiser. »

Telle est la puissance de la semence qui germe, de la parole et de la foi, de l’être humain qui grandit.

Enfants du ciel

Nous sommes la plante, et qui sont les oiseaux du ciel ? Si nous grandissons en Christ, nous devenons un abri pour d’autres personnes, pour des animaux, pour toute la création. Notre baptême ne concerne pas que nous-mêmes. Il porte de la nourriture et de la douceur pour tout ce qui nous entoure. Les oiseaux du ciel dans la Bible, en fait ce ne sont pas que les oiseaux, mais tous les êtres qui ont des ailes pour voler dans le ciel, donc aussi les insectes comme les papillons, les coccinelles, les libellules. Et j’aime bien penser aussi que si les anges ont des ailes et sont des créatures du ciel, ils font partie aussi des oiseaux du ciel. Et peut-être nous tous qui appartenons au ciel, notre cité se trouve dans les cieux, et nous sommes aussi les oiseaux du ciel. De cette semence minuscule, naît tout un écosystème.

 

Jésus dit : « Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. » (Marc 10,14). Et encore au vieux Nicodème qui demande s’il faut revenir dans le ventre de sa mère : « si quelqu’un ne naît pas de nouveau, il ne peut voir le règne de Dieu. […] si quelqu’un ne naît pas d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » (Jean 3,3.5). Le sens du baptême d’eau et d’Esprit saint, c’est de naître d’en haut, de naître au ciel. En ce sens c’est devenir comme un petit enfant, un enfant du ciel qui va grandir.

 

Amen !

Contact