Vous aurez le désir de devenir disciples
Et à qui s’adresse ce message ?
Ici il ne s’adresse pas aux païens ni aux pharisiens incrédules ou autres sadducéens. Il s’adresse aux croyants. Il est dit juste avant ce passage : « Comme il parlait ainsi, beaucoup mirent leur foi en lui. » Et notre extrait commence en reprenant : « Jésus, donc, disait aux Juifs qui avaient mis leur foi en lui ». Un premier pas est déjà fait, comme pour nous qui sommes ici, qui croyons en Jésus-Christ. Mais Jésus s’adresse à nous pour nous inviter à aller plus loin.
Les Juifs qui ont cru en lui se définissaient encore comme descendance d’Abraham, monothéistes par opposition aux adorateurs d’idoles. Cette identité héritée leur suffisait.
Mais Jésus invite à aller plus loin, à faire un pas de plus. Dieu invite ses interlocuteurs déjà croyants, et nous aussi, à devenir vraiment ses disciples. Et c’est tout un itinéraire de croissance spirituelle qui s’ouvre. Si Dieu nous a fait naître de nouveau, c’est pour qu’ensuite nous puissions grandir en lui, en force, en sagesse, en intelligence spirituelle, en actes d’amour.
Le croyant donne sa foi, il fait confiance. Le disciple, c’est celui qui apprend, l’apprenti. L’apôtre, c’est celui qui est envoyé, c’est l’émissaire ou le missionnaire. Dieu nous appelle à aller plus loin, à nous mettre au service. Que nous ne soyons plus sous la servitude du péché, mais au service de Dieu.
La vérité nous percute, nous renverse, nous éblouit. La lumière de Dieu brille si fort qu’elle dévoile, transperce et éclaire toutes nos zones d’ombres. Elle révèle que nous faisons encore le péché, donc qu’il nous manque encore quelque chose, non pas pour obéir à des lois, mais pour être libres du péché.
Cette conviction de péché, c’est une prise de conscience, qui déclenche un changement radical. Il ne s’agit pas seulement de changer dans nos idées, mais dans tout notre être, et jusque dans nos actes. Nous ne pouvons plus accepter de faire le péché.
Cette expérience de notre manque, de notre finitude, de notre imperfection, peut être douloureuse, car c’est un dépouillement. Oui, je suis esclave du péché, je fais le mal que je ne veux pas, et je ne fais pas le bien que je veux. Mais ce constat creuse en nous par le manque un espace pour le désir de Dieu. Le désir est un manque, nous aspirons à ce que nous ne sommes pas. Il s’approfondit une soif spirituelle. Il se creuse un puits d’où pourra jaillir la source de la vie éternelle.
Je pense à ce passage curieux en Genèse 26 :
« Isaac creusa de nouveau les puits qu’on avait creusés aux jours d’Abraham, son père, et que les Philistins avaient bouchés après la mort d’Abraham. Il les appela des mêmes noms dont son père les avait appelés. Les serviteurs d’Isaac creusèrent encore dans l’oued et y trouvèrent un puits d’eau vive. » (Genèse 26,18-19).
Oui creusons encore, pour trouver la vérité qui libère. Oui les puits du passé où nous avons été désaltérés ont pu se boucher, mais nous pouvons les retrouver. Et il jaillira une source d’eau vive, qui redonnera la vie, qui refleurira les déserts desséchés de nos cœurs, qui comblera notre soif spirituelle, et qui débordera autour de nous.