L’arc de Dieu (Genèse 9,8-15 et Marc 1,9-15)

Prédication du dimanche 18 février 2024
Arc-en-ciel

Un nouveau commencement

Après le déluge, Dieu conclut une alliance avec tous les êtres vivants. Oui Dieu inclut les animaux dans son alliance. Le mot qui revient sans cesse, c’est avec [êth], pour exprimer à quel point cette alliance est large et inclusive : Noé et ses fils avec lui (v. 8) ; avec vous et avec votre semence, votre descendance (v. 9) ; et avec tout être vivant qui est avec vous ; tout le vivant de la terre avec vous (v. 10) ; mon alliance avec vous (v. 11). Une alliance d’unité qui nous relie les uns aux autres.

 

Dans cette alliance, Dieu s’engage à ne pas détruire la terre. À nous de ne pas la détruire non plus.

 

De nouveau il dit : croissez et multipliez ! Il offre un nouveau départ, il lance une nouvelle création. Il recrée la beauté disparue, la beauté qui avait péri noyée dans les eaux du déluge. La beauté de sa création.

 

Revenons toujours à lui, pour un nouveau commencement. Pour redécouvrir la beauté oubliée, pour la protéger. Pour revenir à la vie.

Arc de guerre, arc de paix

Signe

 

Dieu nous donne un signe dans cette alliance, pour la rendre visible. Dieu verra et se souviendra. Dieu ne nous oublie pas, il pense à nous. Et nous, est-ce que nous pensons à lui ? Ou est-ce que nous l’oublions, si souvent ? Quand nous regardons le ciel, et que nous voyons un arc-en-ciel, est-ce que nous pensons à Dieu ? Est-ce que nous voyons derrière le phénomène météorologique, derrière la lumière diffractée dans un brouillard de minuscules gouttelettes, et la poésie des couleurs étincelantes, est-ce que nous voyons le signe du ciel ? Dieu nous donne à voir la beauté du ciel, comme la signature de son amour pour nous. Oui regardons au ciel, levons les yeux, pour nous rappeler le don de Dieu. Et alors nous pourrons, éveillés, émerveillés, lui dire merci.

 

 

Nuée

La nuée indique la présence de Dieu. Elle masque la gloire trop brûlante de Dieu lui-même ; elle voile et dévoile ; elle cache sans séparer ; elle se répand tout autour de nous, elle entre en nous. La colonne de nuée guide le peuple hors d’Égypte. La nuée s’arrête et repart. Elle couvre et remplit la tente du rendez-vous intime avec Dieu. Sur Jésus transfiguré, descend la nuée. Elle recouvre de son ombre comme le Saint Esprit a couvert Marie de son ombre. Le Fils de l’homme, le Fils de l’être humain, vient sur les nuées du ciel. La nuée est céleste comme la gloire de Dieu. Elle apporte la pluie bienfaisante, qui fait germer la vie dans la terre sèche et le désert aride.

 

 

Arc

Et dans la nuée, Dieu donne l’arc. L’arc-en-ciel, disons-nous. Cet arc, en hébreu comme en français, c’est aussi un symbole de guerre. Dieu raccroche l’arc, il le dépose dans le ciel. Ce signe marque la fin de la violence, le désarmement, la paix. L’arc-en-ciel comme la colombe est symbole de paix, après la fureur des eaux du déluge. Dieu dépose le premier les armes ; il espère que l’humanité fera de même. Dieu avait constaté : la pleine est pleine de violence à cause d’eux. Mais après le déluge, Dieu ne répondra plus que de façon pacifique à leur violence. L’alliance est un cessez-le-feu, une trêve, un traité de paix.

 

L’arc tendu nous projette dans le futur, dans la dynamique du salut. L’arc-en-ciel relie la terre au ciel. Dans le livre d’Ézéchiel, dans l’Apocalypse, il manifeste la gloire de Dieu par un miroitement multicolore, un iris pour le trône divin, comme une auréole.

 

Après le déluge, nous sommes sauvés. Nous arrivons à cette terre nouvelle. À cette paix. Dieu nous unit à lui dans une première alliance. Une alliance qui sera toujours nouvelle, qui réapparaîtra après toutes les tempêtes de nos vies, qui persistera envers et contre tous les coups de tonnerre.

 

Jésus

Et voici, nous dit la première lettre de Pierre, que la traversée de Noé, le sauvetage après l’eau et l’inondation, est une figure, une préfiguration, du baptême.

 

Oui le baptême de Jésus ressemble à l’histoire de Noé.

  • Les eaux montent et refluent de façon parallèle.
  • Déluge veut dire inondation ; baptême veut dire submersion, immersion, plongeon dans l’eau et sous l’eau.
  • Les cieux se déchirent au moment du baptême de Jésus ; et il est écrit en Genèse 7,11 : « en ce jour-là toutes les sources du grand abîme jaillirent, et les fenêtres du ciel s’ouvrirent. »
  • Nous avons donc les eaux, le ciel, et puis encore la colombe qui relie et qui apaise et qui apporte un message.
  • Et pour Noé et sa famille, « la pluie fut sur la terre quarante jours et quarante nuits. » (Gn 7,12) ; et Jésus passe quarante jours dans le désert. C’est le temps de l’épreuve.

Enfin, Jésus est avec les bêtes sauvages ; et cela peut nous surprendre. Mais nous nous souvenons que Noé aussi est avec les bêtes sauvages, et que Dieu conclut alliance avec lui et avec les bêtes sauvages. Jésus vit donc cette communion utopique avec les bêtes, l’alliance où le loup vit avec l’agneau et l’enfant avec le cobra. Il est sauvé, rien ne peut l’atteindre, le désert lui-même est une création de Dieu, paradisiaque comme le jardin d’Éden. La création tout entière est sauvée et vit désormais en paix.

 

Cet arc de Dieu dans la nuée, n’est-ce pas Jésus ? Jésus qui relie la terre au ciel, Jésus qui porte la puissance désarmée de Dieu, le Fils de l’humain qui vient sur les nuées du ciel. Jésus remplit le ciel comme un trait de couleurs et de lumière, comme un signe visible de paix et d’alliance avec Dieu. Jésus fait lever une nouvelle alliance, pour une nouvelle création.

Et nous

Et l’auteur de la première lettre de Pierre ne parle pas que du baptême de Jésus, mais de notre baptême. Nous aussi, nous avons survécu à l’épreuve et à la tentation pour devenir une nouvelle création. Nous avons été sauvés par le miracle et la grâce de Dieu, par le don gratuit de Jésus. Nous entrons dans son alliance nouvelle. Nous devenons aussi les fils et les filles bien aimés d’une nouvelle humanité, sauvée de la mort.

 

La grâce reçue par Noé, sorti vivant du déluge, la victoire de Jésus, mort et ressuscité, cette grâce et cette vie nouvelle sont aussi les nôtres, et c’est ce que signifie notre baptême. Oui d’après cette première épître de Pierre,

« le Christ lui-même […], mis à mort quant à la chair, […] a été rendu vivant quant à l’Esprit. […]

Le « baptême […] vous sauve à présent […] par la résurrection de Jésus-Christ. »

 

Seigneur, sauve-nous, et donne-nous la paix ! Oui, nous croyons que nous sommes sauvés, grâce à toi, Jésus Christ, l’arc de Dieu dans la nuée !

 

Amen.

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