Nous sommes les étoiles du Messie
Un soleil mortel
Premier point : « […] les étoiles tomberont du ciel […] » Qu’est-ce que ça signifie ? Examinons le sens littéral. D’un point de vue scientifique, le soleil n’est pas éternel. L’intuition biblique est bonne et la science donne tort à ceux qui adoraient l’astre solaire : ce n’est qu’une créature, et une créature mortelle. Quand le soleil aura consommé tout son hydrogène dans la réaction nucléaire qui le fusionne en hélium, il explosera en géante rouge puis s’effondrera et s’éteindra pour devenir une naine blanche. Mais nous avons encore 5 milliards d’années avant que cela n’arrive. Donc une datation est possible, et elle est tout sauf proche. L’évangile dit le contraire. Il s’agit donc d’autre chose.
(Notons que le début du chapitre évoque des signes tout à fait terrestres et que nous connaissons au présent : imposteurs, guerres et rumeurs de guerres, séismes, famines, procès et mises à mort. Ici nous sommes entrés dans le domaine céleste, qui marque une intensification jusqu’à l’extrême, à un degré jamais vu, et qui suggère la « fin du monde » – et la venue d’un nouveau monde. Même le plus stable, même l’immuable s’effondre. La situation est la plus grave que nous puissions imaginer.)
Les nouvelles étoiles
« Les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées. » Nous pouvons penser à des puissances spirituelles. L’astrologie et les divinités païennes chutent. Satan chute ; car Jésus dit selon Luc : « Je voyais le Satan tomber du ciel comme un éclair. » (Luc 10,18). Nous pouvons élargir aux puissances humaines : les étoiles symbolisent les stars, les rois, ceux qui ont le pouvoir. Ésaïe prophétise au roi de Babylone :
« Comment ! Tu es tombé du ciel, astre brillant, fils de l’aurore ! Tu as été abattu, toi qui domptais des nations ! Tu te disais : Je monterai au ciel, j’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu […] Mais on t’a fait descendre au séjour des morts, au plus profond du gouffre. » (Ésaïe 14,12-14).
Cette chute des puissances d’oppression est une bonne nouvelle. La promesse à Abraham est accomplie : « Le SEIGNEUR, votre Dieu, vous a multipliés, et vous êtes aujourd’hui aussi nombreux que les étoiles du ciel. » (Deutéronome 1,10). De nouvelles étoiles se lèvent, ce sont les croyants, comme l’annonce Daniel :
« Ceux qui auront eu du discernement brilleront comme brille la voûte céleste – ceux qui auront amené la multitude à la justice, comme des étoiles, pour toujours, à jamais. » (Daniel 12,3).
C’est le « jour du SEIGNEUR » (Joël 3,4), jour de justice, pour le salut des vivants et des morts. Le salut des vivants, c’est dire que Dieu nous fait entrer dès aujourd’hui dans la vie abondante, la vie éternelle. (Cependant la mort demeure. Aura-t-elle le dernier mot ? Les martyrs victimes des persécutions iront-elles dans le néant pendant que leurs bourreaux vainqueurs vivront et triompheront ? Non, parce que Dieu est juste, parce qu’il aime chacun, chacune, personnellement, et qu’il ne nous abandonnera pas à la mort. Il veut la vie pour toi et moi, pas seulement la survie du peuple en général grâce à une descendance, quand elle existe, quand elle n’a pas été exterminée elle aussi.) Le salut pour les morts est extraordinaire, il dépasse le seul salut des vivants : c’est la résurrection.
La mort du Messie, et son aurore
Et précisément, notre texte de Marc 13 est placé juste avant le récit de la passion et de la résurrection du Christ. Comme une liste des souffrances de l’humanité qui seront récapitulées et condensées dans les souffrances de Jésus. Et elles seront traversées comme les douleurs de l’accouchement, pour arriver à la joie de la naissance, à l’éveil, à la résurrection. « À la sixième heure, il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure. » (Marc 15,33). Mais aussi :
« Le peuple qui marche dans les ténèbres a vu une grande lumière » (Ésaïe 9,1).
Voilà la lumière qui perce les nuages.
L’idée des étoiles tombant du ciel n’est pas nouvelle de la part de Jésus ; ce paragraphe est entièrement composé de citations, d’Ésaïe, de Daniel, de Joël. Il emprunte aussi beaucoup à l’apocalypse apocryphe de la Septante dans 4 Esdras. Un livre étrange mais résolument messianique : « En effet mon fils le messie sera révélé avec ceux qui sont avec lui et il réjouira ceux qui ont été laissés, durant quatre cents ans. » (4 Esdras 7,28).
Les étoiles tombant du ciel sont des signes annonciateurs de la venue du Messie. Et c’est là, dans ce contexte apocalyptique, au cœur des tragédies, que Jésus révèle qu’il est lui-même le Fils de l’homme évoqué par Daniel, le Messie fils de Dieu attendu. Il apparaît au plus atroce de la souffrance humaine, quand la terre vacille, quand le monde s’effondre autour de nous, quand le ciel nous tombe sur la tête.