Les paroles de la vie (Jean 6,60-69)

Prédication du dimanche 25 août 2024

Comme la parole est étrange ! Pour les uns, c’est une parole dure. Pour les autres, ce sont des mots, des phrases de vie.

 

Au commencement était la parole, dit Jean. La parole était Dieu. La parole de Dieu, c’est Jésus Christ ; il est la parole faite chair. Et nous entendons ici que les paroles sont Esprit.

 

C’est dire l’importance de la parole, ce que le protestantisme en particulier a souligné. La parole est puissante et agissante. Elle nous mène à Dieu. Ou plutôt elle a le potentiel de nous mener à lui. Mais sur ce chemin il y a des obstacles qui nous font trébucher, des scandales qui nous font repartir loin du Christ. Alors comment la parole pourra-t-elle révéler, déployer son potentiel en nous ?

 

Déchiffrer la parole

Le christianisme n’est pas vraiment une religion du livre. Nous ne fondons pas notre foi sur des écritures, mais sur la parole de Dieu vivante. La Bible est ambiguë. Elle est à la fois parole de Dieu et parole humaine. A la fois nous pouvons dire qu’elle est sainte, donnée par Dieu, inspirée. Elle transmet la parole de Dieu depuis 2000 ans. Et à la fois lire la Bible peut être aussi dur, les paroles que nous y trouvons nous paraissent dures.

 

La parole ne se réduit pas à une suite de mots. Elle a besoin d’une personne pour la dire, pour l’expliquer.

 

La parole est liée au souffle, à l’Esprit. Concrètement, quand le livre est lu, la parole devient audible, elle devient mouvement de l’air, vibrations, souffle. En ce sens elle s’anime, elle prend vie.

 

Mais ce souffle de Dieu, c’est l’Esprit saint. Il est spirituel. Il est présence de Dieu.

 

L’écriture seule n’est rien. La parole seule n’est rien. Je ne crois pas que des paroles guérissent, que des paroles fassent vivre, si elles sont déconnectées de Dieu leur source, leur interprète, leur chair.

 

Si facilement, des paroles peuvent être mal interprétées !

 

Il existe une conception simple selon laquelle Dieu dicterait mot à mot ses paroles, qui seraient alors mises par écrit. Ce serait la vérité parfaite, et il suffirait alors de l’exécuter à la lettre.

 

Mais je crois que même le sens littéral n’est pas donné. Le langage est un code pour communiquer un message. Et souvent les mots sont limités pour exprimer parfaitement la réalité, en particulier des réalités célestes. Souvent aussi le sens n’est pas compris.

 

Ici Jésus a longuement dialogué avec la foule, les Juifs, ses disciples. Ils ont entendu les mêmes paroles, mais les uns les trouvent dures et s’en vont, les autres y trouvent la vie et s’engagent à rester.

 

Plus j’étudie la Bible, plus j’ai l’impression que le sens principal n’est pas le sens littéral, mais le sens figuré, le sens spirituel. Jésus vient de dire : « celui qui me mange vivra par moi. » Et nous ne sommes pas anthropophages. Il nous faut donc découvrir ce que veut dire Jésus.

 

En littérature, la figure de style de la métaphore est une comparaison où on a supprimé le mot « comme » ou ses équivalents. L’auteur a fusionné les deux éléments comparés, ce qui donne une formule saisissante et déconcertante. Car au premier abord c’est un paradoxe. Le sens littéral est impossible, c’est un non-sens. Alors nous sommes amenés à chercher un sens au-delà. Chercher comment Jésus peut être pour nous un nouveau type de nourriture, une nourriture céleste.

 

L’antiquité aime bien le langage métaphorique, qui est poétique et concret, alors que la modernité aime analyser, décortiquer scientifiquement en séparant les éléments, dissocier. Mais souvent c’est impossible ; l’image se viderait de son sens, de son infinité de sens possibles par associations d’idées et connotations.

 

La parole révélée par l'Esprit

Alors pour comprendre le sens spirituel, il faut qu’il nous soit révélé, par l’Esprit saint. Si nous restons au niveau matériel et terrestre, simplement humain, « la chair ne sert de rien. » « C’est l’Esprit qui fait vivre. » Les paroles de Jésus « sont Esprit et sont vie ». Un lien très étroit s’établit donc entre Jésus-Christ, l’Esprit saint c’est-à-dire le souffle saint, la parole et la vie.

 

L’Esprit saint a inspiré les paroles de la Bible ; et quand nous la lisons et que les mots reprennent vie et entrent en nous, il est là pour nous en révéler de nouveau le sens. Dieu a parlé aux gens de la Bible, et Dieu nous parle aujourd’hui, par l’Esprit saint.

 

Et quand nous disons que Dieu parle, c’est encore une façon de parler, car la parole de Dieu ne frappe pas tant nos oreilles que notre cœur, notre souffle, notre âme, notre centre spirituel. Dieu peut nous parler sans mots, sans que nous entendions des voix. Mais nous ne savons pas raconter l’événement qui est arrivé, alors nous pouvons dire que Dieu nous a parlé.

 

Quand nous sommes face à Dieu, sa parole prend sens, sa vie pleine nous entraîne. C’est un don de Dieu. Cela ne vient pas de nous.

 

Sans cela, sans lui notre Dieu, qui est Esprit, les mots de la Bible et de la foi peuvent sembler terriblement vides. « Personne ne peut venir à moi, si cela ne lui est donné par le Père. » Oh oui Père, donne-nous ton Esprit. Car ton Esprit fait vivre !

 

Avec lui tout est différent. « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ! » (Psaume 34,9).  Pierre et les douze ont goûté, ont cru, ont découvert, ont compris, par la grâce de l’Esprit saint ; alors ils peuvent dire cette magnifique confession de foi :

« Tu as des paroles de vie éternelle. Et nous, nous sommes convaincus, nous connaissons que tu es le saint de Dieu. »

 

Jésus s’est révélé à la fois comme vraiment divin et uni au Père, et à la fois comme celui qui se donne, qui donne sa chair pour la vie du monde. Une grande tension oppose et associe pourtant la gloire et la souffrance. C’est là le scandale de la croix, la folie de Dieu contre la folie des hommes.

 

L'alliance

Nous sommes face à un choix décisif, et radical. Dire oui ou non à Dieu. Et peut-être qu’il y a longtemps que vous avez répondu à cette question, mais souvenez-vous. Souvenez-vous de votre premier amour qui vous a mené au Christ. Et choisissez aujourd’hui si vous voulez vivre de sa vie toujours nouvelle, et conclure une nouvelle alliance avec lui, lui redire oui.

 

Beaucoup de gens quittent le Christ aujourd’hui, et vous, voulez-vous aussi vous en aller ?

 

Josué appelle les Israélites à se rappeler tout ce que Dieu a fait pour eux. Et chacun peut répondre librement et personnellement :

« Nous aussi, nous servirons l’Éternel, car il est notre Dieu. »

 

Le choix paraissait un engagement exigeant et impressionnant, que tous ne semblaient pas capables de faire.

 

Mais la vie dans l’Esprit illumine tout. C’est une joie immense de suivre le Christ. Ce n’est plus seulement notre choix, notre liberté, cela devient une évidence, celle de dire oui au don de Dieu qui nous a précédés. Parce que Dieu s’est révélé, parce que les paroles nous ont fait entendre une voix nouvelle, nous ont ouverts à la vie, une vie spirituelle et éternelle, la vie que nous avions toujours cherchée, alors nous répondrons :

 

Oui, nous avons découvert que tu es le saint de Dieu ! Et nous voulons entendre tes paroles, nous remplir de ta chair et de ton sang, de tout ton être, accueillir ton Esprit, et t’aimer de tout notre cœur, toute notre âme, toute notre intelligence et toute notre force. C’est avec toi que nous voulons vivre, Seigneur !

 

 

Amen.

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