Le beau trésor du cœur
Après les yeux, Jésus vient à parler du cœur. Car les arbres et des fruits ne sont que des images pour parler du cœur, pour parler de l’être humain. Les fruits sont nos actes. L’élan créateur nous pousse à fructifier, à agir. Hélas nous ne connaissons que trop bien le problème des actes : nos œuvres ne sont pas toujours belles et bonnes, et je ne fais pas le bien que je voudrais (Romains 7,19).
Au lieu de se focaliser sur les fruits pourris, Jésus invite à rechercher la maladie de l’arbre qui les porte. Il passe de faire à être. Nous sommes l’arbre. Et c’est en fonction de ce que nous sommes que nous agissons.
Nous pourrions penser que ce n’est guère encourageant : changer mes actes est parfois possibles, mais changer ma nature et mon essence semble une tâche encore plus difficile.
Cependant, quand Dieu nous a créés, il a posé une parole sur nous, et la parole de sa bouche est vérité. Il a vu tout ce qu’il avait fait : c’était très beau, immensément bon (Genèse 1,31). Voilà ce que nous sommes. Dieu nous a créés beaux et bons, c’est notre essence et la nature de notre être, nous sommes un bel arbre. Quand nous agissons en tant qu’êtres créés par Dieu à son image, nous sommes beaux et nos œuvres sont belles.
Alors Jésus devient plus explicite avec le beau trésor du cœur. Intrinsèquement nous avons en nous cette beauté, qui vient de Dieu.
Le beau trésor du cœur : nous pouvons le comprendre de deux manières. Soit le cœur est un trésor ; soit le cœur contient un trésor. Peut-être n’est-ce pas si différent : le cœur devient lui-même précieux parce qu’il porte en lui un diamant. Ce qu’est le cœur dépend de ce qu’il contient. Le trésor est donné par Dieu ; le cœur est donné par Dieu.
Quel trésor le cœur accueille-t-il donc ? Le cœur peut abriter des paroles, des événements, des souvenirs essentiels.
Nous en avons des exemples dans l’évangile. Quand Jean Baptiste reçoit son nom, son père Zakharie retrouve la parole, et tous les habitants sont saisis de crainte et discutent de ces événements. « Tous ceux qui les apprirent les gardèrent dans leur cœur, en disant : Que sera donc cet enfant ? » (Luc 1,66). Parallèlement, à la naissance de Jésus, tous s’étonnent de ce que disent les bergers. « Marie gardait toutes ces choses, et les repassait dans son cœur. » (Luc 2,19).
Notre cœur est un lieu de mémoire. Notre histoire avec Dieu est faite pour s’inscrire dans l’intime de notre cœur, fondatrice et inoubliable. Dieu dépose dans notre cœur un trésor !
Le trésor n’est pas seulement composé de tout ce que Dieu a fait pour nous, mais aussi de ce que nous faisons. Sans cesse, nous amassons des trésors de souvenirs, nous accumulons notre expérience de vie et l’ajoutons à notre trésor. La générosité donne un trésor, un trésor céleste, qui s’oppose aux trésors matériels et périssables.
« Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où aucun voleur n’approche et où aucune mite ne ronge. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. » (Luc 12,33-34).
Là encore Jésus affirme le lien entre le trésor et le cœur.
Et dans l’évangile selon Matthieu, nous entendons qu’il y a un peu du royaume de Dieu dans ce trésor ; ou plutôt que le vrai trésor en nous est le règne de Dieu.
« Voici à quoi le règne des cieux est semblable : un trésor caché dans un champ ; l’homme qui l’a trouvé le cache et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il a pour acheter ce champ-là. » (Matthieu 13,44).
Quand Dieu est roi de notre être, nous sommes fous de joie car nous avons trouvé le trésor, et la vraie vie.