L’Esprit saint pour tous (Actes 10,25-48)

Prédication du dimanche 5 mai 2024 au Mazet-Saint-Voy

L'Esprit saint pour nous

Nous avons entendu des paroles magnifiques sur l’amour de Dieu, avec l’invitation à demeurer dans son amour, et à nous aimer les uns les autres comme Jésus nous a aimés, lui qui a donné sa vie pour nous [1 Jean 4,7-10 ; Jean 15,9-17].

 

Mais c’est sur ce passage d’Actes 10 que je voudrais m’arrêter avec vous aujourd’hui. J’ai été frappé par la fin : « l’Esprit saint tomba sur tous ceux qui écoutaient la Parole. »

 

Tous, sans exception. Tous, y compris Corneille, le centurion de la cohorte italienne, le Romain, Cornélius le non-Juif, autrement dit le païen. Et tous ceux qui se trouvaient dans la maison de Corneille avec lui. Et Pierre a dit : « Vous savez qu’il est interdit à un Juif de se lier à un étranger ou d’entrer chez lui ; mais Dieu m’a montré qu’il ne fallait dire d’aucun être humain qu’il est souillé ou impur » (Actes 10,28). Pierre a été transformé dans sa vision de l’autre. Il a osé aller contre ce qu’il croyait être une règle de sa religion, et peut-être aussi contre ses propres préjugés et simplement son confort.

 

Une grande découverte de l’Église du premier siècle, c’est que Dieu, Jésus, l’Esprit Saint, ne s’adressent pas qu’aux Juifs ou aux Judéens, les habitants de Judée/Juda, le peuple élu, mais à tous.

 

Et cela n’est pas venu d’une réflexion théorique, ou d’une avancée théologique, ou d’une décision humaine, mais de Dieu. Simplement, Pierre a constaté que des non-Juifs avaient reçu l’Esprit saint, que Dieu agissait en eux, et qu’il n’y avait pas de différence.

 

Paul fait la même découverte, et la résume dans la lettre aux Galates :

« Car vous êtes tous, par la foi, fils de Dieu en Jésus-Christ. En effet, vous tous qui avez reçu le baptême du Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ. Et si vous appartenez au Christ, alors vous êtes la descendance d’Abraham, héritiers selon la promesse. » (Galates 3,26-29).

Cette découverte, cette bonne nouvelle, c’est l’Esprit saint pour tous. Et cela nous concerne donc, nous aussi. L’Esprit saint est pour nous.

 

L’Esprit saint n’est pas réservé aux super-apôtres, à la Pentecôte. Il est aussi répandu que le baptême, vulgarisé, donné à tous. Ça veut dire aussi qu’il n’est pas réservé aux grands mystiques, aux charismatiques, aux pentecôtistes, aux nouveaux convertis ou aux personnes d’une foi exceptionnelle. Aucune Église n’a le monopole de l’Esprit saint, il souffle où il veut. C’est l’Esprit saint qui fonde l’Église, et non pas l’Église qui posséderait l’Esprit saint.

 

Vous voyez dans ces textes le lien entre l’Esprit saint et le baptême. À celui qui a reçu l’Esprit saint, le baptême ne peut être refusé. Et réciproquement, à tous les baptisés, l’Esprit saint est promis. L’Esprit saint est pour tous, et donc pour nous aussi.

Le don des langues pour parler à tous

Nous ne pouvons pas vivre comme s’il n’existait pas !

 

Aujourd’hui, tous, nous pouvons vivre la même expérience que les apôtres ; pas une expérience amoindrie. L’Esprit saint est toujours vivant aujourd’hui, il n’a pas pris une ride ! Où demeure-t-il ? Il demeure en nous.

 

Mais alors comment le sentir, le reconnaître, le voir à l’œuvre ? Cela nous amène à nous reposer la question qui es-tu, Esprit saint ? Car nous lisons dans 1 Corinthiens 12 qu’il y a une diversité de dons spirituels et que chaque personne reçoit des charismes particuliers. Certains parlent en langues, tant mieux pour eux, et Dieu soit loué. Tous ne parlent pas en langues, c’était déjà vrai du temps de Paul qui écrit : « Tous parlent-ils en langues ? » (1 Corinthiens 12,30). Non. La plupart d’entre nous ne parlent pas en langues, et pourtant nous avons en nous le même Esprit saint, qui se manifeste autrement.

 

Pour les apôtres, le don des langues a fait tomber les frontières entre les peuples. Des gens qui ne s’étaient jamais parlé se comprenaient soudain, se retrouvaient dans le langage divin. Le don des langues symbolise le désir de Dieu de se rendre accessible à tous les peuples, même les non-Juifs. L’Esprit saint parle même à ceux qui se croient indignes, impurs. Dieu nous purifie tous.

 

Le don des langues, c’est la grâce de savoir parler de Dieu, d’avoir une langue inspirée. J’ai mis ma parole dans ta bouche, dit Dieu aux prophètes. La langue est toute petite, mais très puissante, comme le dit Jacques : « la langue est une petite partie du corps, mais elle a de grandes prétentions. Voyez comme un petit feu peut embraser une grande forêt ! » (Jacques 3,5). Et cette langue peut devenir l’instrument de l’Esprit saint, porteuse de la parole de Dieu. Alors les disciples qui étaient tout timides et terrorisés se mettent à parler et à témoigner. Ils trouvent les mots justes, qui parlent au cœur. Ils ont des langues comme de feu, qui brûlent les cœurs, qui embrasent une grande forêt. Et les cœurs sont tout brûlants en écoutant les Écritures illuminées en Parole de Dieu (Luc 24,32).

 

L’Esprit Saint fait parler les prophètes. Au début de l’évangile de Luc, tous reçoivent l’Esprit saint : Marie quand l’ange Gabriel lui est envoyé ; Élisabeth, quand Marie lui rend visite ; Zacharie, à la circoncision de son fils Jean Baptiste ; et le vieux Syméon, à la présentation de Jésus au temple. Et de leur bouche sort alors une louange ou une prophétie.

 

Le prophète Joël est cité au début du livre des Actes, à la Pentecôte :

« Après cela, je répandrai mon souffle sur tous : vos fils et vos filles deviendront prophètes, vos anciens auront des rêves, et vos jeunes gens des visions. Même sur les esclaves et sur les servantes, en ces jours-là, je répandrai mon souffle. » (Joël 3,1-2).

Aujourd’hui, la promesse de l’Esprit saint pour tous est accomplie.

Qui est l’Esprit saint ?

Qui est l’Esprit saint ?

 

Il est l’inattendu. L’interprète des Écritures. Calvin écrit dans L’Institution chrétienne :

« le témoignage du Saint-Esprit est plus excellent que toute raison : car bien que Dieu seul soit témoin suffisant de soi en sa Parole, toutefois cette parole n’obtiendra point foi aux cœurs des hommes si elle n’y est scellée par le témoignage intérieur de l’Esprit. C’est pourquoi il est nécessaire que le même Esprit qui a parlé par la bouche des Prophètes, entre en nos cœurs, et les touche au vif pour les persuader que les Prophètes ont fidèlement mis en avant ce qui leur était commandé d’en haut. […] il n’y a de vraie foi, que celle que le Saint-Esprit scelle en nos cœurs1 ».

Voilà pourquoi, avant de lire les Écritures, nous demandons l’illumination du Saint-Esprit.

 

L’Esprit saint est Dieu en nous, la venue de Dieu en nous.

 

Il est le Paraclet [en grec paraklêtos], c’est-à-dire littéralement celui qui est appelé auprès de nous, invité à nos côtés, le consolateur, l’avocat, le souffleur, l’ami intime.

 

L’Allemand Gerd Theissen écrit dans son catéchisme Questions de foi :

« Qu’est-ce que la foi dans le Saint-Esprit ?

Dieu a créé les galaxies les plus éloignées, et pourtant il n’est pas lointain, car son Esprit prend sa demeure en toi.

Il a parlé dans les temps passés, et il te parle aujourd’hui encore par son Esprit.

Lorsque ton courage de vivre est crucifié et naît à nouveau en ton cœur, alors son Esprit agit en toi.

Lorsque tu es saisi par la certitude d’être en sécurité en Dieu pour toute éternité, alors son Esprit vit en toi.

Lorsqu’il fait des êtres humains de nouvelles créatures, son Esprit œuvre alors pour la paix, la liberté et la justice en nous tous, en vertu de l’accomplissement de sa création.2 »

 

Le catéchisme catholique pour les jeunes, Youcat, indique :

« Comment l’Esprit-Saint agit-il dans ma vie ?

L’Esprit-Saint m’ouvre à Dieu ; il m’apprend à prier et m’aide à être présent aux autres.3 »

 

L’Esprit saint est créateur. Il a transformé les apôtres ; il a transformé d’autres personnes. Il nous transforme, il nous recrée, il nous fait naître de nouveau, il nous régénère. Il nous fait vivre.

 

L’Esprit saint est une force agissante, omniprésente dans les Actes des apôtres. C’est par l’Esprit saint que nous pouvons agir.

 

Nous sommes son temple.

« Être le ‟temple de l’Esprit” signifie : être présent, corps et âme, pour accueillir cet hôte qui est Dieu en nous. Notre corps est en quelque sorte la demeure de Dieu. Plus nous sommes ouverts à l’Esprit-Saint, plus il devient un maître de vie3 ».

 

L’Esprit saint est discret, silencieux, il parle doucement à notre cœur, mais nous pouvons apprendre à reconnaître sa voix, son inspiration, les idées qui viennent de lui, et les actes étonnants qu’il a rendus possibles.

***

« L’Esprit saint tomba sur tous ceux qui écoutaient la Parole. » Et je me dis, oui, c’est ça que je veux vivre. Viens en nous, à ta manière, doucement ou de façon brûlante, viens et comble-nous, et bénis-nous, et couvre-nous d’une onction de paix et de joie. Merci car tu viens habiter en moi, tel que je suis. Oui Seigneur, je m’ouvre à toi, oui Père éternel, donne-moi ton Esprit.

 

Amen.

 

1 Jean Calvin, L’Institution chrétienne, Livre premier, chapitre VII, Labor et Fides, 1955, p. 41-42.

2 Gerd Theissen, Questions de foi. Dire le christianisme autrement, Olivétan/Salvator, 2021, p.16.

3 Youcat français. Catéchisme de l’Église catholique pour les jeunes, Bayard/Fleurus-Mame/Cerf, 2021, p. 76.

Contact