Résurrection
Ce qui est remarquable, c’est que ces deux personnages qui logiquement seraient morts, sont vus ici vivants, et cela nous parle déjà de résurrection. Or Moïse et Élie ont tous les deux une mort énigmatique.
À la fin du Deutéronome, il est dit que Moïse est mort, littéralement « sur la bouche du Seigneur ». Beaucoup de traductions interprètent simplement : « selon la parole du Seigneur ». Mais les juifs ont une lecture plus poétique et voient là un baiser de la bouche du Seigneur à Moïse. Le Deutéronome ajoute mystérieusement : « Personne ne sait où est sa tombe jusqu’à ce jour. »
De son côté, Élie a une fin encore plus extraordinaire : il monte au ciel dans un tourbillon, alors qu’apparaissent un char de feu et des chevaux de feu.
Ainsi Moïse, Élie et Jésus sont vus ensemble, réunis et vivants. C’est un aperçu du ciel, révélant à la fois que Jésus est au ciel, que Moïse et Élie sont au ciel, et que les trois sont en harmonie.
Visage
Selon Exode 34, quand Moïse sort de la tente où il a rencontré Dieu, son visage brille de l’éclat de la face de Dieu. Et nous aussi, nous dit Paul en 2 Corinthiens, nous reflétons le Seigneur dans le rayonnement de sa gloire, nous sommes métamorphosés :
« lorsqu’on se tourne vers le Seigneur, le voile est enlevé. […] Nous tous qui, le visage dévoilé, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, de gloire en gloire » (2 Co 3,16.18).
Ce dévoilement, c’est littéralement une apocalypse, une révélation, où Jésus se laisse voir dans toute sa gloire. Au-delà des mots, comme une contemplation d’amour silencieux, merveille. Immobilité, balbutiement.
L’ange du Seigneur nous fait grâce, nous redonne vie. L’ange du Seigneur, son messager, son image et sa ressemblance, son icône, c’est Jésus-Christ : qui suspend notre mort et nous ramène à la vie ; qui interrompt nos gestes de désespoir et d’autodestruction ; qui rend possible l’impossible ; l’agneau de Dieu qui prend notre place, qui nous sauve et nous libère.
Notre survie est en Dieu ; Dieu qui change et se renouvelle constamment, qui dépasse toujours les apparences et les représentations que nous formons, qui nous étonne sans cesse, nous rend tout étourdis d’admiration, frémissants d’adoration.
L’amour du Père se dévoile dans ses paroles à son fils aimé, unique à ses yeux.
Pierre veut demeurer mais il faut revenir dans le réel de notre vie, sortir du rêve en gardant les yeux qui brillent d’une lueur d’ailleurs, d’une étincelle nouvelle. Parce que nous avons rencontré Dieu, nous ne serons plus jamais les mêmes. Nous demeurons illuminés, changés, métamorphosés, transformés, transfigurés.
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