Silence et montagne
Mercredi nous avons eu une pastorale de consistoire, et j’ai pu rencontrer mes collègues. L’un deux a raconté que pour des cultes d’obsèques, il propose souvent une liturgie allégée, avec un temps de méditation silencieuse. Et un autre a remarqué que nous ne sommes pas très bons pour le silence. Les paroles s’enchaînent. Le silence semble trop vide, il nous fait peur.
Et pourtant le silence est essentiel à la prière, à l’intériorité.
Pour prier, Jésus se retire sur la montagne. Il se retire de la foule : ici il ne prend avec lui que trois disciples, dont deux frères. Il les connaît bien, ce sont des amis. Il se retrouve dans l’intimité.
Dans le tourbillon quotidien, nous risquons d’oublier Dieu, ou de ne pas réussir à faire taire l’agitation pour entrer dans la prière, dans la paix, le repos, l’écoute. Alors ce temps d’été peut être l’occasion de prendre du recul, de vivre une retraite intérieure, de nous recentrer spirituellement.
Monter dans la montagne, c’est s’élever au-dessus de la vie ordinaire, pour s’approcher du ciel. La montagne est symboliquement à mi-chemin entre terre et ciel. C’est un lieu où rencontrer Dieu.
Moïse et Élie, l’un comme l’autre, sont montés dans la montagne de Dieu, l’Horeb, ou le Sinaï, et ont rencontré Dieu. Moïse au moment du buisson ardent (Ex 3), puis encore au moment de recevoir les tables de la loi (Ex 24), et à nouveau quand il reçoit une deuxième fois les tables de la loi pour remplacer celles qui ont été brisées (Ex 34). « Fais-moi voir ta gloire », dit Moïse (Ex 33,18). « Le Seigneur descendit dans la nuée, se tint là auprès de lui et proclama le nom du Seigneur. » (Ex 34,5).
Élie, quand il est découragé, se croit le seul prophète au monde, et a envie de mourir : il trouve Dieu dans l’immobilité d’une brise imperceptible, dans la voix d’un fin silence (1 R 19).
Et la tente, et la nuée, sont les lieux de la présence de Dieu. La tente, c’est le tabernacle, la tente de la rencontre, qui devient ensuite le sanctuaire, le temple de Dieu, le saint des saints.
La nuée c’est la gloire de Dieu. En Exode 24, Dieu conclut l’alliance avec son peuple : « Moïse pénétra à l’intérieur de la nuée et monta dans la montagne. Moïse fut dans la montagne quarante jours et quarante nuits. » (Ex 24,18).
Et à la fin du livre de l’Exode, la tente est achevée. « Alors la nuée couvrit la tente de la Rencontre, et la gloire du Seigneur remplit la Demeure. » (Ex 40,34).
Il y a donc une grande cohérence, une relation très étroite entre la montagne, la nuée, la tente : ce sont des lieux de présence de Dieu.