Personne ne les arrachera de ma main (Jean 10,27-30)

Prédication du dimanche 11 mai 2025

Le beau berger

Quelques versets plus haut, Jésus s’est révélé comme le beau berger, le berger étant dans l’Ancien Testament l’image de celui qui conduit le peuple.

 

Beaucoup d’entre nous aimons et connaissons le psaume 23 qui commence par : « Le SEIGNEUR est mon berger ». Le Seigneur guide ma vie, me nourrit, me protège.

 

Le prophète Ézéchiel développe lui aussi cette image. Face aux mauvais bergers, aux mauvais dirigeants du peuple, il promet d’intervenir et de prendre lui-même ce rôle de pasteur :

« Car ainsi parle le Seigneur DIEU : Je vais moi-même prendre soin de mes bêtes et les passer en revue.
Comme un berger passe en revue son troupeau quand il est au milieu de ses bêtes éparpillées, ainsi je passerai en revue mon troupeau et j’arracherai mes bêtes de tous les lieux où elles ont été dispersées, un jour de nuée et d’obscurité épaisse.
Je les ferai sortir d’entre les peuples, je les rassemblerai de tous les pays et je les ramènerai sur leur terre ; je les ferai paître sur les montagnes d’Israël, dans les ravins et dans tous les lieux d’habitation du pays.
Je les ferai paître dans un bon pâturage, et leur domaine sera sur les montagnes qui dominent Israël ; là elles se coucheront dans un bon domaine, et elles pourront paître dans de gras pâturages, dans les montagnes d’Israël.
C’est moi qui ferai paître mon troupeau, c’est moi qui ferai coucher les bêtes – déclaration du Seigneur DIEU.
Je chercherai celle qui est perdue, je ramènerai celle qui est égarée, je panserai celle qui est blessée et je ferai reprendre des forces à celle qui est malade. […]
Je nommerai à leur tête un seul berger qui les fera paître, David, mon serviteur ; il les fera paître, il sera leur berger. […]
Vous, mon troupeau, le troupeau que je fais paître, vous êtes des êtres humains ; moi, je suis votre Dieu – déclaration du Seigneur DIEU. » (Ézéchiel 34,11-16.23.31).

 

Le Christ, fils de David, est le berger annoncé par Ézéchiel, le beau berger envoyé par Dieu. Il résume ici sa relation avec ceux qui croient en lui. Premièrement, entendre sa voix ; et en français nous distinguons l’audition passive et l’écoute active, mais ici il faut comprendre les deux à la fois, indissociablement : entendre sa voix et l’écouter. Dieu nous parle spirituellement, et c’est un don de l’entendre, de reconnaître parmi les multiples voix qui nous entourent la parole qui vient vraiment de lui, qui sonne juste et vrai. Et c’est en même temps une exigence de l’écouter, de nous préparer, d’être attentifs, de lui donner un instant de silence authentique qui lui soit consacré, ou bien nous risquons de ne pas l’entendre. En outre, écouter vraiment, c’est ensuite mettre en pratique, la parole vraiment entendue nous interpelle et nous met en marche.

Écouter et suivre Jésus

Alors nous suivons cet homme, Jésus. Suivre c’est faire confiance, c’est marcher avec quelqu’un, l’accompagner. Car la personne avec qui nous allons importe plus que le lieu où elle nous emmène. C’est un mouvement dynamique ; en marchant nous sommes aussi actifs, et nous découvrons de nouveaux paysages.

 

Toute notre vie il nous accompagne comme un berger accompagne fidèlement chacune de ses bêtes. Découvrir Jésus, ce n’est peut-être pas avoir une grande révélation mystique et se réveiller pantelant, palpitant, bouleversé. C’est peut-être aussi entrer dans la régularité d’une voix que nous apprenons à reconnaître, dans une mise en marche et dans une transhumance, dans l’aventure de suivre un être qui nous emmène vers l’inconnu, qui nous nouveaux pâturages inexplorés, d’une herbe fraîche qui n’a encore jamais été broutée.

 

Voilà ce que nous faisons en interaction avec lui : l’écouter et le suivre ; et tout le reste est don, dépendant de lui seul.

 

Le beau berger aime ses brebis. Je pense à tous les amis des animaux. Imaginons un amoureux ou une amoureuse des animaux. Il ou elle aura peut-être un chat, ou un chien, ou les deux, ou plusieurs de chaque, ou d’autres espèces selon ses coups de cœur.

 

Pensons à la vie d’un tel chat, ou d’un tel chien. Il est aimé, choyé, nourri par son maître, qui pourvoit à tous ses besoins. Son maître le prend dans ses bras, le caresse et lui gratte le cou, le câline, dans une relation étonnamment libre, intime avec des contacts physiques et affectueux. Il l’appelle par des petits noms doux.

 

Nous disons que les humains sont les maîtres de leurs animaux de compagnie, pourtant on pourrait dire que ce sont les chats et les chiens qui font travailler leurs maîtres pour eux comme des esclaves. Car les gentils maîtres humains les servent et se font leurs serviteurs, les nourrissent et s’activent pour eux pendant que chiens et chats s’allongent paresseusement dans leur panier, ou parfois mieux encore, dans leur confortable canapé. Nous passons du temps à ouvrir la porte aux chats et aux chiens pour qu’ils puissent entrer et sortir, pour leur donner à la fois la liberté des grands espaces naturels et la chaleur d’un foyer bien protégé.

 

Les moutons n’ont pas toujours aussi bonne réputation que nos animaux de compagnie, pourtant un berger qui aime ses bêtes prend soin de chacune avec le même dévouement, la même attention.

 

Ce berger nous relie à un groupe dont nous faisons partie. Nous avons l’humilité de reconnaître que nous dépendons des autres, et que sans eux nous ne serions pas qui nous sommes. Mais c’est une joie et une force d’être membre d’une communauté. Nous découvrons autour de nous de nombreux amis, qui suivent le même berger, qui nous ressemblent, que nous pouvons comprendre profondément, qui marchent dans la même direction que nous, et qui nous accompagnent donc.

 

Ma prière est portée par l’Église qui m’entoure, les chants s’élèvent dans toute leur puissance à l’unisson, nous nous soutenons les uns les autres. La foi est une aventure à la fois intime et collective, personnelle et partagée. Et au centre, ou plutôt en avant, en tête, marche le Seigneur.

Pour la vie

Désormais, c’est lui qui agit pour l’essentiel. Nous le connaissons imparfaitement, mais lui nous connaît. Même quand je ne me connais pas moi-même, lui, il sait qui je suis et ce qui est bon pour moi. Il m’appelle par mon nom, parce qu’au milieu même du groupe, il désire entrer dans une relation intime et personnelle avec moi, une relation tissée d’écoute et de don, une relation tricotée patiemment dans la durée du quotidien.

 

La brebis ne comprend pas tout ce que dit le berger, car elle ignore le langage humain. Pourtant elle reconnaît la voix du berger qui l’appelle par son nom, elle sait que c’est lui, et ça lui suffit pour le suivre. La parole de Dieu nous échappe, la langue du ciel nous échappe ; mais la voix de Dieu, nous pouvons la reconnaître, pleine de douceur et de force, elle sonne vrai.

 

 

Lui nous donne la vie en abondance, la vie éternelle. Lui nous empêche de nous perdre, de périr, il vient nous rechercher là où nous sommes, jusqu’au fond des précipices et jusqu’au bout du monde, jusque dans le malheur et jusque dans la mort. Il donne de sa personne, il donne son souffle pour nous, et jusqu’à sa propre vie, pour nous délivrer et nous ouvrir la vie.

 

Alors que la brebis est vulnérable, sans défense, le berger lui donne sa force, une puissance qui préserve et qui ne détruit pas. Sa main puissante nous arrache au tragique de l’existence. Et il promet qu’il ne nous lâchera jamais. Si nous avons peur de nous éloigner de lui, d’être capturé ou entraîné au loin par les souffrances et les drames, il promet qu’il nous gardera. Si notre foi chancelle, il ira nous rechercher et nous revigorer. Si nous n’avons plus même la force de nous accrocher à lui, il nous saisira lui-même dans sa main, car il tient à nous, et il nous tient fermement.

 

Tu es mon berger et je suis ta brebis ; tu es mon Dieu et je suis à toi ; tu es notre Dieu et nous sommes ton peuple. Cette relation qui s’est construite, cette alliance et cet échange de promesses ne dépendent plus des aléas de l’existence ; c’est pour la vie, et nous ne pouvons plus le perdre.
Chaque brebis porte en elle la connaissance inoubliable de son beau berger.

 

Et cette puissance vient de Dieu. Seigneur Dieu, tu es notre Père. Les attentions que tu as pour nous dépassent encore celles d’un beau berger pour les bêtes qu’il aime. Et quel bonheur d’avoir un Père qui nous fait entendre sa voix, nous connaît, nous donne la vraie vie, nous arrache à tout ce qui nous fait périr ou nous emprisonne !

 

Seigneur Jésus, toi et le Père, vous êtes un ! Vous nous faites entrer dans cette unité. Oui Seigneur, sois mon berger ! Je veux te suivre, et trouver la vie en toi, et que nul ne m’arrache à toi.

Amen !

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