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Transfiguré (Luc 9,27-36)
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Prédication du jeudi 9 octobre 2025, chez les diaconesses du Mazet.
Le visage du Christ apparaît soudain d’une blancheur éclatante. Il est métamorphosé, transfiguré.
Qu’il est beau, qu’il est essentiel de voir le vrai visage du Christ ! Quelle grâce de contempler sa gloire !
Car le visage humain du Christ, comme les disciples, nous croyons le connaître. Il est un homme, cela paraît simple, en apparence. Mais son visage divin, quel éblouissement !
Vous avez vécu, peut-être, une expérience intime et puissante où Dieu s’est révélé à vous, où vous avez senti l’intensité de sa présence, un bonheur immense, une confiance, une paix.
Il y a de tels moments. Et puis parfois la vie ordinaire nous rattrape, nous ne voyons dans le quotidien qu’une grisaille, nous laissons la voix de la tristesse nous parler et nous déprimer.
Mais le Christ n’est pas partagé entre un visage humain et un visage divin ; son visage est un. Le Jésus de l’histoire et le Christ de la foi sont unis ; c’est un même être, une seule personne vivante : Jésus Christ.
Le visage est ce que nous voyons, le visible ; et cela peut varier, comme nos sentiments et émotions de l’instant. Mais nous ne voyons pas tout. L’invisible est plus grand. Ce que Dieu est, ce qu’il fait, nous ne l’avons pas encore pleinement vu, seulement entrevu.
Les disciples croient connaître Jésus, et pourtant ils ne le reconnaissent pas. Jésus est humain ; mais connaissons-nous qui est chaque humain ? Déjà le mystère de l’humain nous dépasse infiniment. Cet homme que nous connaissons depuis longtemps, Jésus, soudain nous étonne, nous émerveille, et nous l’admirons, nous voyons la blancheur inimaginable de sa lumière.
Non, nous n’avons pas fini de le découvrir, de prendre conscience de sa transcendance, de nous laisser surprendre et saisir et ravir.
Jésus nous invite à le chercher, à le désirer, à l’attendre dans sa nouveauté inouïe. Derrière le voile, que Dieu nous donne de garder les yeux fixés sur la réalité du ciel. Qu’il nous donne de faire évaporer la brume des pensées négatives, et de voir avec son regard de lumière.
Jésus monte sur la montagne pour prier. Il est heureux pour nous aussi, que nous soyons ici, sur ce plateau que nous appelons le consistoire de la montagne, dans ce moûtier qui est un lieu de prière.
Moïse et Élie, eux aussi, sont montés sur la montagne, la montagne de Dieu, l’Horeb, et y ont entrevu la gloire de Dieu.
En Exode 33,
« Moïse dit : Fais-moi voir ta gloire, je t’en prie ! […] Le SEIGNEUR dit : Voici un lieu près de moi ; tu te tiendras sur le rocher. Quand ma gloire passera, je te mettrai dans un creux du rocher et je te couvrirai de ma main jusqu’à ce que je sois passé. Puis je retirerai ma main, et tu me verras par-derrière ; mais ma face ne pourra pas être vue. » (Exode 33,18-23).
Et le prophète Élie fortifié marche jusqu’à la montagne de Dieu.
« Soudain la parole du SEIGNEUR lui parvint […] Sors et tiens-toi dans la montagne, devant le SEIGNEUR. Or le SEIGNEUR passait. […] Enfin, après le feu, un calme, une voix ténue. Quand Élie l’entendit, il s’enveloppa le visage de son manteau, sortit et se tint à l’entrée de la grotte. » (1 Rois 19,9-13).
Voilà deux expériences de Dieu dans la montagne. Moïse et Élie voient sans voir tout à fait, ils sont cachés par le sentiment de crainte et vénération du Seigneur, par l’idée que Dieu est si grand que nul ne peut voir l’éblouissement de sa face et survivre, comme nous ne pouvons toucher l’incandescence du soleil.
Dieu s’est dévoilé, pour que nous aussi nous puissions le voir, et être transfigurés avec lui, transformés, métamorphosés. Qu’un simple grain de la lumière de Dieu nous illumine pour toute notre journée et notre vie. Que nous portions toujours en mémoire, inoubliable, l’image de sa gloire. Que la montagne à l’horizon devienne pour nous ce paysage qui touche le ciel, et ce lieu qui nous élève vers Dieu !
Comment voir le visage du Christ, comment sentir la présence du ciel ? Tout cela s’accomplit pendant la prière. Le texte insiste : il « monta sur la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage changea ».
La lumière du Christ apparaît, non dans le grand vent, le séisme ou le feu, mais dans la plus fine des brises. Dans l’immobilité se fait entendre une voix ténue, silencieuse. Et le silence murmure sans paroles. Cette vision extraordinaire est tout intérieure, discrète et presque invisible aux yeux.
La prière donc doit rester notre cœur.
Nous pouvons refaire l’expérience de prier. Prendre ce temps de ne pas avoir d’activité, d’être tout entier disponible, attentif, dans une qualité de présence. Dieu est là.
Et à vous sœurs diaconesses, merci parce que vous nous aidez à trouver le cœur vivant de Jésus. Vous avez ce charisme de prière. Que Dieu vous renouvelle et vivifie votre prière ; qu’elle vous ressource et vous désaltère comme une eau inépuisable.
Parfois nous ne nous sentons pas capables de vivre cette intensité. Mais c’est une grâce, un cadeau de notre Père. Dieu vient dans la faiblesse des disciples ensommeillés, dans la fragilité, dans l’imperfection des paroles inadéquates de Pierre, dans nos craintes.
Il nous fait voir sans images et entendre sans paroles. Il nous fait voir la vérité de son être ; il nous fait entendre sa voix qui dit : « Celui-ci est mon Fils élu : écoutez-le ! » (Luc 9,35).
Une voix qui dit d’écouter. La prière, n’est-ce pas justement le temps de l’écoute ? Quand nous prions, Dieu nous montre Jésus le vivant. Il nous dévoile sa gloire, et la belle lumière de sa face.
En résumé, gardons le regard orienté vers le visage lumineux de Jésus, en ce lieu symbolisé par la montagne, où Dieu se dévoile au cœur. Et c’est le lieu de la prière. Pouvoir prier, voir sa face et entendre sa voix, tel est le don magnifique de Dieu pour nous.
Amen !